Le stoïcisme est-il un développement personnel ?

Ryan Holiday

En 2015, l’auteur américain Ryan Holiday publie son troisième livre : L’obstacle est le chemin. À 28 ans à l’époque, il a eu un début de carrière tonitruant avec notamment une position de CMO (responsable de la direction Marketing) chez American Apparel (à 20 ans) ainsi que deux livres best-sellers dans le domaine du marketing et des médias. Il fut également l’apprenti de Robert Greene, écrivain américain avec qui il apprit le système de prises de notes qui l’aide à être l’auteur prolifique qu’il est. Puis il travailla sur les livres d’autres auteurs vendant des millions d’exemplaires tels que Tim Ferriss et Max Tucker. Holiday était donc un petit génie du marketing qui en parallèle publiait sur son blog personnel.

C’est sur ce blog qu’il commença en 2013-2014 à écrire sur une philosophie “obscure” à l’époque : le stoïcisme. Quand on lit les articles de cette époque, on sent chez l’écrivain et marketeur, les prémisses d’une crise existentielle. Il se demande comment gérer son nouveau statut, que faire de tout l’argent gagné si jeune, comment ne pas se perdre dans une vie qui ne serait pas la sienne. Le stoïcisme lui offrit ses réponses et bien plus.

C’est à ce moment qu’il décida de :

  • Prendre le risque de proposer à son éditeur d’écrire un livre sur le stoïcisme : L’obstacle est le chemin. Alors que cette philosophie antique ne donnait aucune garantie ou presque de faire un best-seller.
  • Réutiliser ses talents de marketeur pour faire du stoïcisme un “produit cool” qu’il va populariser au fil des années auprès de millions de personnes.

7 ans plus tard, Ryan Holiday a réussi son pari avec 5 livres publiés sur le stoïcisme (vendus à des millions d’exemplaires), une newsletter avec plus de 500 000 inscrits et une chaîne Youtube The Daily Stoic avec plus de 650 000 abonnés. Ryan Holiday n’est pas le plus érudit ou le plus précis de ceux qui écrivent ou parlent de stoïcisme et de philosophie antique. Mais il est de loin celui qui sait le mieux le mettre en avant, le rendre accessible et l’utiliser pour faire “du business”.

Cette “utilisation” est ce sur quoi nous reviendrons plus tard dans cet essai. En effet, le business et l’approche qu’a Ryan Holiday du stoïcisme apportent de belles choses pour le monde et cette philosophie mais également son lot de problèmes ou a minima de limites.

Le stoïcisme, une philosophie pratique et existentielle

Il est possible de distinguer deux types de philosophie :

  • La philosophie existentielle : travaillant sur l’individu comme point de départ, cherche à apporter des réponses pour aider l’Homme à (mieux) vivre
  • La philosophie systémique : travaillant sur le concept, les principes premiers et les idées

Le stoïcisme s’inscrit clairement dans la première catégorie : c’est une philosophie existentielle. Or, les philosophies existentielles – et a fortiori toute école de philosophie datant de l’antiquité – ont 6 caractéristiques communes.

1 – Une proposition d’un but, d’un mode de vie et de penser

Pour les stoïciens – et pour toutes les écoles de philosophie antiques – le but de la vie philosophique et de la sagesse est l’eudémonisme.

L’eudémonisme est une doctrine philosophique posant comme principe que le bonheur est le but de la vie humaine. Le bonheur n’est pas perçu comme opposé à la raison, il en est la finalité naturelle.

Mais chaque école diverge dans le chemin nous menant à “expérimenter” l’eudémonisme. Chez les stoïciens, le mode de vie permettant de tendre vers ce bonheur est celui de l’attention (et de la tension). Le stoïcien doit être vigilant à son interprétation des événements. Celle-ci influençant sa pensée puis ses actions. Pour les stoïciens le seul bien est la “vertu” et le seul mal est le “vice”. Ils font donc en sorte que chacune de leurs actions soient basées sur une (ou plusieurs) des 4 vertus cardinales stoïciennes : la sagesse, la justice, la tempérance, le courage.

Aussi, pour un stoïcien, tout ce qui n’est pas une vertu ou vice (ou bien et mal) est un indifférent : la mort, la richesse, le luxe, le temps qu’il fait dehors, etc. Cette manière de penser créant ainsi ce qu’on appelle aujourd’hui la dichotomie du contrôle, distinguant ce qui dépend de nous de ce qui n’en dépend pas. Et ainsi nous permettre de mener une vie plus sereine, d’atteindre une certaine tranquillité de l’âme. Ce qu’ils appellent l’ataraxie. C’est le “bonus” stoïcien en plus de l’eudémonisme précédemment évoqué.

2 – Une figure représentant un idéal de sagesse à atteindre

Le propre du philosophe (ou de celui vivant philosophiquement) est de désirer la sagesse, de tendre vers elle. Mais il sait qu’il ne peut l’atteindre, elle est perfection et donc inaccessible. Le philosophe est un non-sage qui tend vers la sagesse alors que la plupart des hommes ne soucient pas de celle-ci ou pensent l’avoir (les sophistes par exemple ou certains politiques à notre époque).

Chez les stoïciens, la figure de l’idéal de sagesse est celle de Socrate dont le stoïcisme est un descendant.

3 – Un discours et un “système” qui justifie le mode de vie

La philosophie stoïcienne propose à ses “adhérents” de vivre en accord avec la Nature ainsi qu’avec leur nature d’Homme. Ils considèrent que nous faisons partie d’un tout (qu’ils nomment cosmos, univers, Dieu/Nature) et que nous sommes une partie du tout. Ceci étant, chaque individu aurait un rôle à jouer dans le théâtre cosmique. Nous devrions donc le chercher et l’accepter avec “indifférence” car c’est ce que le “destin” a voulu de nous.

Le stoïcisme étant une philosophie de l’acceptation pour ce qui est des événements passés et présents, mais aussi une philosophie de l’action pour ce qui est de notre réponse aux événements. Ces réponses pouvant façonner notre pensée et notre futur.

En somme, j’accepte ce qui vient à moi mais je suis maître de ma pensée, de mes réactions et ainsi je peux influer sur mon “destin”.

4 – Une communauté disposant d’un lieu d’échange et d’étude

Dans l’antiquité, le stoïcisme avait son lieu de rassemblement dans ou autour de l’agora Athénienne. Celui des stoïciens s’appelle Stoa Poikilè, lieu où Zenon de Kition, le fondateur du stoïcisme avait pour habitude de donner ses cours et d’organiser des discussions avec les citoyens intéressés par sa philosophie et les membres de l’école.

5 – Des principes et préceptes pour vivre et penser selon sa philosophie

Parmi les grands principes on retrouve les 3 suivants (parmi une bonne dizaine) :

  • La dichotomie du contrôle d’Épictète nous invitant à distinguer ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. Puis d’agir sur les premiers et d’accepter les seconds.
  • Les 4 vertus cardinales : sagesse, tempérance, justice, courage, qui sous-tendent l’ensemble de nos actions et comportements. Un comportement est bon s’il est pratiqué en accord avec l’une ou plusieurs des vertus. Une vertu étant un juste milieu entre les deux vices que sont le manque et l’excès.
  • La responsabilité de notre bonheur, notre malheur et de notre caractère moral : le stoïcien considère les événements comme neutres d’un point de vue moral mais aussi que c’est à l’individu de donner son assentiment (ou accord) à la représentation qu’il se fait de l’événement. Exemple : c’est moi qui décide de me rendre malheureux d’un échec alors que celui-ci est neutre et que je pourrais le considérer comme une chance, un moyen de faire autre chose, de progresser etc.

6 – Des exercices et pratiques qui aident à mieux vivre au quotidien

Pierre Hadot les a nommés : exercices spirituels. Ce sont des exercices de pensées, intellectuels ou physiques visant à l’amélioration et la réalisation de soi. Ils sont un point commun que partagent les différentes écoles de philosophies de l’antiquité. On les retrouve également à travers l’Histoire de la philosophie chez des philosophes existentiels.

Parmi ces exercices, il y en a qui sont typiquement stoïciens comme :

  • La préméditation de la mort pour s’habituer à sa présence, son inéluctabilité mais aussi pour vivre avec plus de présence et d’intensité.
  • La vue d’en haut qui nous invite à prendre de la hauteur sur nos problèmes du quotidien, presque toujours insignifiant quand on se place à une échelle terrestre ou cosmique.
  • L’inconfort volontaire qui nous propose de vivre temporairement dans l’inconfort (en dormant par terre par exemple) afin de constater par nous-même que nous n’avons pas besoin de toutes les possessions que nous prenons pour nécessaire. Et ainsi ne plus avoir peur de les perdre ou de ne pas pouvoir vivre sans.

Ces 6 caractéristiques constituent ce qu’est une philosophie existentielle.

Un mode de vie et un discours qui permet à ceux qui y adhérent :

  • de mieux vivre
  • d’avoir un cadre les aidant à se réaliser/s’élever
  • à trouver un sens supérieur à leur existence.

Pourquoi le stoïcisme a autant de succès à notre époque ?

Nous l’avons vu en introduction avec l’histoire de Ryan Holiday, le stoïcisme, qui est pourtant une philosophie “morte” depuis 1 800 ans jouit d’un regain de popularité à notre époque.

Timothy Ferriss

Au-delà de Ryan Holiday, des personnalités publiques comme Tim Ferriss, Chris Bosh, Jocko Wilink ou encore Jordan Peterson parlent ou représentent des valeurs stoïciennes.

Nous retrouvons aussi depuis une vingtaine d’années de plus en plus d’auteurs académiques publier des livres sur cette philosophie “pratique” qui n’est pourtant pas enseignée sous cet angle dans les universités.

Pour preuve, Massimo Piglucci, auteur de plusieurs livres sur le stoïcisme, nous dit qu’il aurait pu passer toute sa vie à étudier et faire de la recherche en philosophie sans qu’on lui évoque cette école de pensée. Et encore moins de voir la philosophie comme une discipline pouvant améliorer concrètement l’existence.

En France, il y a des regroupements de pratiquants du stoïcisme qui se forment avec notamment l’association Stoa Gallica et les rencontres stoïciennes (aussi appelées Stoicon-x).

Mais alors, pourquoi le stoïcisme a un tel succès au XXIe siècle ? Pourquoi une philosophie exigeante, qui demande de l’engagement, de l’attention, des efforts plaît-elle autant à une partie de nos contemporains ?

Pourquoi ce succès ?

Le stoïcisme est d’abord un contrepoids à une trajectoire que prend l’Occident depuis l’avènement de la société de consommation au XXe siècle qui a entraîné notre civilisation dans une société “obèse” en tous points.

Par obèse, j’entends une société dont les individus sont hors de forme physique mais aussi mentale avec l’infobésité, la désinformation, l’abondance d’outils accaparant notre esprit. La société occidentale nous permet de jouir d’un confort jamais atteint, mais ce progrès ne s’est pas obtenu sans le revers de la médaille. Ce confort tend parfois à nous desservir, puisqu’il fait, pour certains de nous, des consommateurs passifs et anesthésiés perdant toute envie de se dépasser, de vivre selon un idéal, d’avoir des valeurs transcendantes, etc.

On peut combiner à cette société du confort et de la surconsommation, le nihilisme et le relativisme “moderne” que Nietzche avait pressenti au XIXe siècle avec son annonce de “la mort de Dieu” et du vide que ceci engendre dans nos vies spirituelles. Vide que les totalitarismes ont essayé de “combler” dans leurs folies meurtrières et idéologiques. Et que l’on peine toujours à combler 100 ans plus tard.

Le stoïcisme est une réponse ou plutôt une alternative à ce monde. Proposant un mode de vie différent offrant :

  • Un cadre – à travers des principes, des valeurs – pour ceux qui constatent par eux-mêmes qu’une vie sans cadre est un enfer sur Terre.
  • Une philosophie qui responsabilise en partant du principe que nous sommes maîtres de notre bonheur ou malheur dans un monde qui a tendance à pointer du doigt un “méchant” qui serait source de nos maux.
  • Une philosophie visant l’eudémonisme qui est un bonheur intérieur qui s’éloigne des quêtes de statut et de richesse matérielle de notre époque.
  • Des principes visant à atteindre une tranquillité, sérénité, paix de l’âme dans un monde rempli d’incertitudes diverses : sociales, écologiques, économiques, idéologiques.
  • Un effet Lindy et un côté “antique” / old school qui dénote avec la culture moderne.
  • Une philosophie simple à comprendre avec ses grands principes que l’on peut appliquer immédiatement.
  • Une philosophie “guerrière” qui nous pousse à devenir “antifragile” pour reprendre l’idée de Nassim Taleb.
  • Et qui s’oppose indirectement à une société qui tend à fragiliser les individus ainsi qu’à aplanir les différences individuelles au profit de politiques identitaires ou l’individu va se déterminer en premier lieu à partir d’un groupe identitaire (ou un ensemble d’identités) plutôt qu’à un développement de soi ou à une individuation (recherche d’unicité par sa vie / son œuvre).

L’exemple de Ryan Holiday

Comme je l’exposais en introduction de cet essai, Ryan Holiday est l’auteur qui a su populariser à l’échelle mondiale le stoïcisme. En génie du marketing qu’il est, il a fait d’une philosophie pouvant, à première vue, sembler complexe et aride, un concentré de sagesse intemporelle et applicable.

Pour cela il propose :

  • Des livres simples à consommer, basées sur les valeurs cardinales (ou préceptes phares) du stoïcisme
  • Des vidéos basées sur les habitudes, les actions et comportements à avoir en “suivant” les enseignements stoïciens, le tout en se mettant en scène dans son ranch (son lieu de vie), au cours des conférences qu’il donne ou encore dans sa librairie à Austin (Texas).
  • Une newsletter et podcast quotidien racontant une histoire ou une anecdote sur un philosophe stoïcien (notamment les plus connus : Sénèque, Marc Aurèle et Épictète)

Une véritable masterclass en termes de positionnement et de business.

Ryan Holiday a compris que nous avons besoin à notre époque :

  • De modèles qui nous donnent envie de nous dépasser.
  • De distinguer ce qui est en notre pouvoir et ne l’est pas en cette période d’incertitudes multiples.
  • De revenir à une sagesse et des conseils intemporels.
  • D’avoir des outils pour retrouver sens et sérénité.

Je suis personnellement reconnaissant envers cet auteur d’avoir popularisé une philosophie que j’ai découverte indirectement grâce à lui.

Néanmoins, mon approfondissement du stoïcisme et de la philosophie antique (qui pour rappel est la base de la philosophie existentielle ainsi que celle de la vie intentionnelle) m’a fait comprendre que son approche comporte quelques angles morts, limites et problèmes.

C’est ce que nous allons voir ci-dessous.

Le problème (ou les limites) de l’approche “développement personnel” du stoïcisme

Il y a autant de définitions du développement personnel que de pratiquants de cette discipline – née aux Etats-Unis ne l’oublions pas en passant. Ma définition serait la suivante : Le développement personnel un ensemble de pratiques permettant aux hommes et aux femmes de se perfectionner et de devenir une meilleure version de soi-même (dans les domaines fondamentaux d’une vie humaine).

Je suis partisan du développement personnel. Je considère que l’homme a un besoin fondamental de s’élever, de croître, de se développer pour trouver du sens et apporter sa pierre à l’édifice à notre civilisation, à notre espèce, notre planète et à l’Univers selon vos convictions/croyances.

Mais force est de constater que tout le monde n’est pas en phase avec ma définition et la finalité du développement personnel. Pour certains, le développement personnel est un outil orienté vers des fins individualistes et/ou matérielles (statut, richesse, pouvoir). Si je poursuis l’exemple de Ryan Holiday. Il est clair que l’auteur a fait du stoïcisme un développement personnel, notamment sur ses médias en ligne. Et il a en partie raison, car le développement personnel est un des (nombreux) petits fils de la philosophie.

Mais là où je considère que Ryan Holiday touche une limite c’est dans cette double approche paradoxale :

  • D’un côté il s’est spécialisé (niché) dans le stoïcisme. Il semble dogmatique dans son approche d’un point de vue personnel mais aussi dans son business. Il propose à ceux qui le souhaitent de faire du stoïcisme “leur philosophie de vie”
  • Mais d’un autre côté, il reste en surface (et cela même dans ses livres) quant à la dimension systémique du stoïcisme.
    • Pour rappel, toute école de philosophie est avant tout choix d’un mode de vie, mais celui-ci est soutenu par un discours théorique permettant de donner un sens au premier (basé par le développement d’une physique, une éthique et une logique chez les stoïciens par exemple).

Vous pourriez me rétorquer que cela est “un petit problème” à première vue car après tout, pourquoi ne pas se féliciter de l’ajout d’une alternative “philosophique” dans le panorama du développement personnel. Mais le problème est plus profond. Ce qui donne du sens à un ensemble de principes (ou de “hacks”) c’est la cohérence que ceux-ci vont avoir dans un système ou du moins dans une finalité dépassant chaque principe individuellement.

Dans le cas de Ryan Holiday, nous avons donc une proposition de suivre (ou non) les dogmes stoïciens en suivant des principes (et parfois des “hacks” sur ses réseaux sociaux) tout en vidant cette philosophie de ce qui lui donne un sens plus profond : sa finalité, son discours sous-jacent, son mode de vie, son regard sur le monde.

Car si la philosophie a un pouvoir “magique” c’est de remplacer vos yeux “normaux” par des yeux de “philosophes”. Les écoles de philosophies antiques/existentielles permettent à ses adhérents d’opérer une “conversion du regard sur le monde” dite philosophique (à ne pas confondre avec la conversion chrétienne ou religieuse). Cette conversion change en profondeur l’individu qui va la vivre. Il y a un avant et un après quant à la manière de penser et de voir le monde. De penser et de vivre sa vie. Et ceci dépasse largement le développement personnel.

Voici ce que nous dit Xavier Pavie, auteur de plusieurs livres sur la philosophie “comme mode de vie”, sur le rôle de la conversion dans les écoles de philosophie antique.

Pour chaque école philosophique antique, la conversion a pour rôle de faire passer d’un état à l’autre, du mal-être au bien-être, de l’angoisse à la sérénité, de la crainte à la maîtrise. La conversion cherche à construire un endroit de paix, de sérénité, un endroit reclus en soi qui est protégé de l’extérieur. Cette conversion s’effectuait à travers des méthodes, des techniques, que ce soit l’acceptation du tetrapharmakos épicurien, l’expérience du dialogue socratique, la volonté de se connaître soi-même, le suivi des dogmes tels que comprendre ce qui dépend et ce qui ne dépend pas de soi. – Xavier Pavie dans Exercices spirituels philosophiques

Il y aurait encore beaucoup à dire sur l’instrumentalisation de la philosophie (et plus largement des spiritualités occidentales ou orientales) par un pan du développement personnel. Ainsi que les liens entre développement personnel et capitalisme/consumérisme. Mais je me garde ce sujet pour un autre jour.

Lien vers la Newsletter de Jean-Charles Kurdali, Philopreneur


Crédits: Julia de Boer / The Next Web, Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0

[cite]

5 commentaire

  1. Merci pour cet article détaillé et nuancé.
    Au-delà de la question qui se pose depuis l’apparition des sophistes dans l’antiquité – peut-on réduire la philosophie à un outil ? – il me semble que la démarche de Holyday, mais aussi celle de tous les Stoïciens qui optimisent l’ascèse ou monnayent d’une manière ou d’une autre leurs “services” (je ne remets pas en cause leur sincérité, ce n’est pas l’objet de ma réflexion) induit un problème plus fondamental : est-il possible d’expliquer, de pratiquer une philosophie qui repose en grande partie sur la notion d’indifférents en s’appuyant précisément sur ces indifférents, en les célébrant d’une certaine façon : le marketing, la rétribution et l’argent, l’hypothèse de la réussite sociale et professionnelle, le livre, les ventes, la notoriété, etc… ?
    En d’autres termes, existe-t-il un mode de transmission éthique, c’est-à-dire réellement libre, de la philosophie du Portique dans un cadre mercantile ou entrepreneurial ?

    1. Merci pour votre commentaire et votre question, qui trouvera, je pense, une réponse – négative – dans l’article à paraître la semaine prochaine, un article de Xavier Pavie intitulé: “La philosophie en entreprise a-t-elle un sens?”

  2. Merci pour cet article. Mais je reste un peu sur ma faim, hâte de pouvoir lire la deuxième partie.
    Il me semble que ce qui fait défaut à ce stoïcisme de la silicon valley c’est précisément d’adhérer a une conception binaire individu/société. Ou les intérêt du premier ne sont pas sensés être en convergence avec la seconde. Ce qui est a l’exact opposé de Marc-Aurèle.

    1. Je suis d’accord avec vous. Ce qui est utile au Tout est utile à la partie, ce qui est utile à la ruche est utile à l’abeille. C’est très présent chez Marc Aurèle mais pas seulement, et c’est totalement absent, me semble-t-il, du stoïcisme conçu uniquement comme développement personnel et non comme philosophie de vie au sens large. C’est au coeur de l’engagement politique et social des stoïciens, qui ne peut donc pas être évacué si facilement.
      Sur le stoïcisme de la Silicon Valley, je ne sais pas si vous avez déjà lu cet article de Kai Whiting que nous avons traduit en français: https://stoagallica.fr/le-stoicisme-de-la-silicon-valley/
      L’article qui sera publié demain, de Xavier Pavie, sera l’occasion d’approfondir également le sujet je pense.

      1. Je vais lire ces deux articles avec attention. Merci Maël.

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