Activité autour du stoïcisme

Le stoïcisme est lié pour moi à la pensée de l’Antiquité dans laquelle je me retrouve parfaitement, de laquelle je me sens si proche. Je ne le pratique pas à proprement parler, pas de manière consciente et organisée en tout cas, je n’en connais d’ailleurs que peu de choses (malgré mes connaissances générales sur l’Antiquité et ma petite pratique des textes), mais je le ressens au plus profond de moi et je le vis naturellement. C’est comme un ami indéfectible que j’aurais toujours connu et qui ne m’aurait jamais quitté, un pilier sur lequel je me repose, mais aussi sur lequel je m’appuie pour aller plus loin. J’y ai trouvé ma rédemption, un apaisement et des techniques pour transcender mes souffrances enfouies au fond de moi et héritées d’un passé lointain.

Cela, je le fais passer dans mon enseignement des langues anciennes, pas toujours très consciemment d’ailleurs. Mais j’ai envie de transmettre cette vision des choses afin qu’elle puisse accompagner d’autres personnes dans leur vie et les aider, de quelle que manière que ce soit. Ce n’est pas pour moi une théorie, ni même une philosophie au sens strict du terme (une conception organisée du monde qui ne serait qu’un point de vue, même si tout est point de vue, puisque tout est représentation…), c’est une discipline de vie qu’on doit s’appliquer à soi-même jour après jour pour pouvoir se réaliser et par là même partager avec les autres.

Ma rencontre avec le stoïcisme

Ah, cette rencontre a pour moi été si évidente que j’ai du mal à en cerner les contours. C’est avec mon étude du latin et la lecture de Sénèque, mon cher ami Sénèque, que j’ai rencontré le stoïcisme. Je l’ai sans doute effleuré au collège, puis un peu approfondi au lycée. Je crois que cette rencontre a commencé par l’idée de vertu, la vertu du vieux Romain, à la fois si pratique, s’adaptant aux circonstances, et si ancrée dans la tradition : Caton l’Ancien, ça vous dit quelque chose ? Honorer les vertus a été pour moi une discipline naturelle mais aussi un but spirituel. Cela s’est confirmé avec le temps. Au lycée, ma devise était devenue Mihi colenda est virtus. C’est un exemple type des grammaires latines, bien connu des latinistes, pour illustrer la construction de l’adjectif verbal (oui car je suis aussi une grammairienne passionnée et convaincue… si, si, ça existe, et c’est même compatible avec le stoïcisme ! ;-)). Littéralement, cela signifie « La vertu est devant être pratiquée par moi », soit « Je dois pratiquer la vertu ». Cette devise est ensuite devenue Nobis colenda est virtus, c’est-à-dire « Nous devons pratiquer la vertu ». Car oui, l’idée principale du stoïcisme, est bien sûr que chacun à son échelle, avec ses capacités propres, ses qualités et ses défauts, son vécu, etc., s’exerce à la vertu pour mieux se réaliser. Se réaliser signifie d’abord être bien avec soi-même, réaliser ses potentialités, mais aussi faire quelque chose de ces potentialités dans le monde, c’est-à-dire agir, avec les autres, pour les autres, en harmonie avec sa nature et LA Nature, le cosmos, l’univers, les lois physiques, prenez ce qui vous parle le plus.

C’est donc avec les Lettres à Lucilius que Sénèque est devenu petit à petit pour moi, d’abord peut-être un guide spirituel, puis un familier. Après le lycée, j’ai lu Le De Tranquillitate Animi (De la Tranquillité de l’Âme) et le De Vita Beata (De la Vie heureuse) du même Sénèque, ces deux textes étaient réunis en traduction dans un petit Librio à 2 euros (c’était une collection qui m’était chère, chère à mon coeur, à l’époque : les grands classiques à 2 euros, que demande le peuple ? Mais c’était moins cher avant il me semble, plutôt 1 euro, ou 1 euro 50…). J’ai lu ce livre d’une traite quasiment, dans un bus en vacances, je ne me rappelle plus bien où j’étais. Toujours est-il que cela a été comme une révélation, c’était lumineux, flamboyant, c’est-à-dire à la fois très clair sur le plan purement intellectuel, de la compréhension des choses, et totalement épanouissant sur le plan affectif, moral et spirituel. Ce livre m’a rendu heureuse pendant au moins une semaine, et me connaissant, ce n’est pas peu dire, je peux vous le certifier ! Je l’ai relu plusieurs fois, et ce livre m’a accompagné un temps dans mon parcours de vie, je ne me déplaçais pas sans mon Sénèque sous le bras, et il me consolait dans les moments difficiles.

Je dois dire, et il serait peut-être temps que cela change (peut-être l’association Stoa Gallica m’y aidera-t-elle ?), que je n’ai pas poursuivi mon exploration du stoïcisme plus avant car ce que j’avais glané dans Sénèque me suffisait amplement. Je n’ai pas ressenti le besoin d’aller plus loin car les principes de base exposés si merveilleusement par Sénèque dans un contexte toujours pratique me suffisaient pour comprendre intuitivement ce qu’il me restait à faire dans ma vie… Il faut dire que j’ai aussi été bien prise par mes études de lettres classiques qui m’ont néanmoins apporté une vision un peu plus large de l’Antiquité.

C’est en reprenant aujourd’hui l’étude du sanskrit, et en pratiquant la méditation de pleine conscience tous les jours, que je me rends compte aujourd’hui que le stoïcisme n’est pas seulement chez les Romains, ni même chez les Grecs, mais que cette vision du monde était aussi bien présente chez les Indiens, et que nous aurions sans doute beaucoup à apprendre également des civilisations asiatiques, et même des sociétés traditionnelles. Ces informations se recoupent et s’emboîtent aujourd’hui pour moi et m’aident à ma pratique vivante, naturelle du stoïcisme, disons d’une conception assez large et ouverte du stoïcisme, qui passe aussi par Montaigne, Alexandra David-Néel, etc.

Ce que le stoïcisme a changé pour moi

Alors ça, c’est une vraie question. La question se poserait peut-être pour moi dans l’autre sens. Que serais-je aujourd’hui si je n’avais pas découvert le stoïcisme, et la pensée de l’Antiquité en général ? Sans doute pas grand-chose. Au risque de me répéter, je dirais que le stoïcisme est pour moi un socle, une base stable, un pilier, qui m’a permis de survivre et qui me permet aujourd’hui de vivre, en respectant le mieux possible ma nature, malgré les vicissitudes de l’existence et la médiocrité de notre monde actuel. C’est une force que j’ai en moi et qui me fournit des ressources pour aller toujours plus loin et ne jamais m’éloigner de mon chemin, de mes valeurs, de mes devoirs, de ma quête spirituelle.

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