Qu’est-ce que la vantardise révèle de notre disposition intérieure?

Ce texte est une traduction en français, par Michel Rayot et Maël Goarzin, de l’article de Kai Whiting et Santara Gonzales, “What does boasting say about our character?“, paru au mois de février 2022 dans le magazine The Stoic, dirigé par Chuck Chakrapani. Nous remercions les auteurs et l’éditeur de The Stoic de nous avoir donné l’autorisation de traduire ce texte et de le publier ici.

Kai Whiting est co-auteur de Being Better : Stoicism for a World Worth Living In. Il est chercheur et chargé de cours en développement durable et stoïcisme à l’UC Louvain, en Belgique.

Santara Gonzales est la Présidente et co-fondatrice de Wisdom Unlocked, une organisation à but non lucratif qui utilise les principes stoïciens pour aider des personnes à garder de bonnes dispositions dans les circonstances difficiles.


Qu’est-ce que la vantardise révèle de notre disposition intérieure?

par Kai Whiting et Santara Gonzales

Nous accordons davantage de valeur aux opinions des autres qu’aux nôtres

Au livre XII des Pensées pour moi-même, l’empereur romain et philosophe stoïcien Marc Aurèle écrit ceci : « Maintes fois je me suis demandé avec étonnement : Comment se fait-il que chacun, quoiqu’il se préfère à tous les autres, fasse moins cas de sa propre opinion sur lui-même que de l’opinion d’autrui à son endroit ? » (XII, 4, trad. A.-I. Trannoy). Il médite ici l’enseignement stoïcien selon lequel l’opinion des autres n’a aucune influence sur notre disposition intérieure, seule chose qui, d’après les stoïciens de l’Antiquité, permette d’assurer notre bonheur. Autrement dit, si quelqu’un a une mauvaise opinion de nous, cela ne veut pas dire que nous sommes une mauvaise personne. De même, une opinion élogieuse exprimée à notre sujet ne fait pas de nous un être bon.

Nous nous vantons de nos réalisations

Parfois, nous nous vantons de nos réalisations dans l’espoir d’être récompensés par des opinions favorables (les nôtres et celles des autres). Nous le faisons pour nous rassurer sur nous-mêmes et sur nos actions. Lorsque nous recherchons l’approbation pour nous aider à nous sentir plus sûrs de nous, nous donnons trop de pouvoir aux autres sur notre état d’esprit et sur notre estime de soi. Ainsi, nous pourrions en venir à croire que nous vivons une « mauvaise journée », simplement parce que nous n’avons pas obtenu la réaction escomptée. A l’inverse, si l’on nous félicite assez souvent, nous risquons de devenir insatisfaits et de rechercher toujours plus de louanges, déplaçant de ce fait le but de notre propre sens du bonheur.

Cultiver notre disposition intérieure

Accorder trop d’importance à ce que les autres pensent à notre sujet nous empêche de cultiver le type de disposition intérieure permettant d’agir avec justice, courage, maîtrise de soi et sagesse. C’est pourquoi nous pouvons agir de façon inappropriée lorsque nous craignons que nos actions ne soient décriées. La vantardise ne vise pas toujours à accroître notre réputation. Parfois, nous nous vantons pour rabaisser les autres ou susciter l’envie ; là encore, pour mieux nous sentir ou mieux paraître. Cela en dit long sur nos valeurs et sur notre manque de compréhension de ce qui nous rend véritablement heureux.

Comme les stoïciens eux-mêmes l’ont reconnu, il est difficile pour les êtres humains d’éviter totalement de rechercher l’approbation des autres, car nous sommes des animaux sociaux, et préférons vivre en communauté. Historiquement, l’impopularité aurait pu nous conduire à être ostracisés, ce qui aurait considérablement réduit nos chances de survie. Se vanter était un mécanisme qui pouvait aider à contrecarrer cette éventualité. Il n’est donc pas difficile de comprendre pourquoi nous continuons, aujourd’hui encore, à rechercher la validation d’autrui et à sacrifier facilement notre disposition intérieure dans le but d’être appréciés. Cependant, du point de vue stoïcien, sacrifier notre disposition intérieure signifie sacrifier la seule chose qui nous apporte le vrai bonheur. Dans de telles circonstances, nous sommes certes en vie, mais nous sommes également malheureux.

Le stoïcisme n’offre aucune immunité

En tant qu’adepte du stoïcisme, nous ne sommes pas à l’abri de l’envie de nous vanter ou d’accorder trop d’importance à notre réputation. Cependant, à mesure que nous progressons sur le chemin du stoïcisme, il est utile de nous rappeler que les opinions des autres sont aussi changeantes que la direction du vent. Par conséquent, le besoin d’impressionner les autres devrait toujours passer après celui de devenir une meilleure personne.


Crédits: Photo by Alex Sheldon on Unsplash.

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