Ce texte est une traduction en français, par Michel Rayot et Maël Goarzin, de l’article de Scott Balentine, “The Pale Blue Dot“, paru au mois de mars 2022 dans le magazine The Stoic, dirigé par Chuck Chakrapani. Nous remercions les auteurs et l’éditeur de The Stoic de nous avoir donné l’autorisation de traduire ce texte et de le publier ici.

Scott Balentine est le directeur des programmes de The Walled Garden.com, un lieu de discussion et de débat en anglais pour la communauté stoïcienne.


Un petit point bleu

par Scott Balentine

Se rétablir avec l’approche stoïcienne

Lorsque votre manière d’appréhender l’existence vous pèse, l’approche stoïcienne des difficultés peut vous rétablir. Le stoïcisme permet d’éviter les émotions irrationnelles en changeant votre regard sur la situation. Le stoïcisme parvient à ce résultat par une prise de recul, en rappelant l’importance de la vue d’ensemble. Marc Aurèle exprime cette idée lorsqu’il écrit ceci :

Pense à l’ensemble de la substance, dont tu participes pour une très petite part ; à l’ensemble de la durée, dont un intervalle, bref et infinitésimal, t’a été assigné ; et à la destinée, où tu tiens une place, combien petite ! – Marc Aurèle, Pensées, V, 24 (trad. A.-I. Trannoy).

Dans ce passage, Marc Aurèle suggère que lorsque nous prenons de la hauteur et prenons ainsi conscience de la totalité de l’existence et du temps, nos difficultés actuelles ne semblent pas être aussi insurmontables.

Les frustrations de la vie courante

En début de semaine, j’ai passé trois heures à rassembler des données dans un très grand tableur. Apparemment, j’ai oublié de sauvegarder mes données et, alors que j’avais pratiquement terminé, Excel a planté. J’étais effondré. Près de la moitié de mon travail de la journée était perdue et, quand j’ai essayé de récupérer, j’ai réalisé qu’en raison de ce crash, mon document non enregistré était définitivement perdu. Je me suis senti très mal. J’aurais pu me laisser envahir par la colère provoquée par cet incident, mais cela aurait gâché ma journée.

J’ai réussi à prendre de la distance par rapport à cet événement, constatant l’insignifiance de cet incident considéré dans une perspective globale. Après tout, je n’étais pas blessé. Je pouvais encore nourrir ma famille et disposais toujours d’une maison confortable. Ce n’était pas aussi grave que je le pensais. Je me suis laissé aller à la colère pendant un instant, puis j’ai pu me remettre au travail et aller de l’avant. J’ai marqué un temps d’arrêt, j’ai réévalué la situation pour réaliser à quel point il serait insensé de laisser ce petite incident saboter ma journée.

Un petit point bleu

Dans son livre de 1994 intitulé « The Pale Blue Dot », (non traduit en français), Carl Sagan décrit une photo prise par la sonde Voyager 1 juste avant qu’elle ne quitte notre système solaire. Sur la photo, la Terre représente un seul pixel bleu entouré par l’immensité de l’espace. Sagan dit ceci : « Regardez bien ce petit point… Sur ce point se trouvent tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous connaissez, tous ceux dont vous avez entendu parler, tous les êtres humains qui ont existé et qui ont vécu leur vie. » Il poursuit en expliquant combien chaque acte de beauté ou d’horreur est insignifiant à la lumière de tout ce qui existe. Ce point de vue peut être considéré comme étant sinistre, mais lorsque nous sommes à même de voir la vie à travers ce prisme, nous accédons au recul nécessaire pour surmonter toute épreuve.

Cela ressemble beaucoup à l’attitude des stoïciens, qui consiste à marquer un temps d’arrêt pour prendre du recul. En s’extrayant du cœur de la réalité, les stoïciens ouvrent les yeux sur une réalité plus grande. Ce faisant, ils prennent conscience du fait qu’ils ne sont pas des individus déconnectés du reste du monde. Au contraire, ils en font partie intégrante.

Méditer sur le regard d’en haut

Donald Robertson, écrivain et psychothérapeute, a mis au point une méditation basée sur l’exercice du « regard d’en haut ». Dans cette méditation, Donald Robertson vous guide à travers un exercice au cours duquel vous vous imaginez en train de vous élever progressivement au-dessus de votre corps. Vous visualisez d’abord votre environnement immédiat, puis vous vous éloignez de plus en plus. En fin de compte, vous êtes guidé pour méditer sur toute votre vie, dans toute sa substance et sa temporalité. Vous réfléchissez à votre place dans l’univers et cela vous aide à mieux vous situer. Au cours de la méditation, Donald Robertson dit ceci :

« … Les choses insignifiantes vous semblent insignifiantes… Les choses indifférentes vous semblent indifférentes… La pertinence de votre propre attitude envers la vie devient de plus en plus évidente… Vous réalisez que la vie est ce que vous en faites… Vous apprenez à mettre les choses en perspective et à vous concentrer sur vos vraies valeurs et priorités dans la vie… »

Cette méditation progressive vous aide à développer une sérénité qui vous permet d’accepter les choses pour ce qu’elles sont et de reconnaître qu’il y a beaucoup de choses qui échappent à votre contrôle. C’est cette compréhension et cette acceptation qui conduisent à la paix intérieure recherchée quotidiennement par beaucoup d’entre nous.

Cette idée peut vraiment être libératrice ; elle peut vous aider à changer de perspective en modifiant votre façon de percevoir les situations contrariantes. Se distancier des expériences négatives peut réduire l’anxiété, vous aider à garder le contrôle et vous rappeler que la façon dont vous réagissez dans l’adversité détermine qui vous êtes. En fin de compte, garderez-vous le contrôle ou serez-vous sous contrôle ? Le choix vous appartient.

Lien pour l’enregistrement de la méditation de Donald Robertson en anglais.


Crédits: Earth Rise as Seen From Lunar Surface, NASA, Domaine public.

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