Tout au long de l’été, Yannick Berthoud, membre de Stoa Gallica, partage sur ce blog sa vision du stoïcisme à travers une série d’articles-témoignages. Cette série d’articles inaugure un nouveau format sur le blog de Stoa Gallica. Par le témoignage très personnel d’une personne qui pratique le stoïcisme, il s’agit de montrer les différentes manières, très concrètes, de se réapproprier le stoïcisme aujourd’hui, au quotidien. Bonne lecture, et bon été!
Maël Goarzin
La perte d’un objet ou d’un être aimé est source de souffrance pour les êtres émotionnels que nous sommes. Les stoïciens n’échappent pas à la règle et les émotions sont dans la philosophie stoïcienne tout à fait naturelles. Pour agir en accord avec la nature, ils ont donc développé des méthodologies, des exercices très efficaces.
Ces derniers facilitent le détachement. Cela permet d’accepter l’idée même de la perte, mais également de s’en remettre plus rapidement.
Sénèque nous en apprend davantage dans ses lettres adressées respectivement à sa mère après son exil, et à une amie après le décès de son fils.
En voici quelques leçons.
Le travail de visualisation
Tous ceux qui naissent meurent un jour. De même, tout ce qui est construit, sera un jour détruit. En mettant au monde un enfant, en adoptant un animal de compagnie ou en faisant l’acquisition d’un bien, il faut se préparer à sa perte.
L’avantage d’une telle préparation, c’est l’augmentation du plaisir à passer du temps avec cette personne ou cette chose, mais également accepter l’idée qu’un jour l’élément disparaitra et donc, en atténuer la douleur.
Voir le côté positif à la perte
La mort a de bien qu’elle t’évite également de vivre toutes sortes de maux.
Sénèque, Consolations
En extrapolant cette leçon à n’importe quelle perte, on se rend compte, concernant le vivant, que la mort évite des souffrances liées aux blessures, maladies et soins intensifs. Quant à l’inerte, l’objet ne subira plus aucun fracas, rouilles, souillure et fissures.
Ils en sont libérés.
Se soutenir avec modération
Je ne cherche pas à t’apaiser ni à minimiser le malheur qui s’est abattu sur toi. Si les pleurs triomphent des rigueurs du destin, pleurons ensemble.
Sénèque, Consolations
Aujourd’hui, nous subissons une perte. Demain, ce sera un ami ou un collègue. Les stoïciens sont tournés vers leurs prochains et comprennent leurs souffrances. Si cela peut permettre à une personne de se remettre d’une perte, faites preuves de compassions avec modération.
Accepter ce qui est et aller de l’avant
Mais si aucune de ces bruyantes manifestations de deuil ne rappelle à la vie ce qui est mort, si aucune souffrance ne modifie le cours d’un destin immuable et fixé de toute l’éternité et si la mort retient ce qu’elle a emporté, que cesse toute souffrance.
Sénèque, Consolations
La vie d’un être aimé ou d’un objet s’est arrêtée, pas la vôtre. Il faut continuer la sienne de la plus belle des façons qui soit : avec les souvenirs heureux vécus avec l’individu ou l’objet perdu.
Encourager les conversations dans la compassion
Tolère donc, encourage même les conversations à son sujet et prête une oreille complaisante au nom et à la mémoire de ton fils ; et ne considère pas cela comme une épreuve, à l’instar de tous ces gens qui, en pareille circonstance, considèrent qu’entendre des paroles consolatrices est une part de leurs malheurs.
Sénèque, Consolations
Crédits: Photo de Gus Moretta sur Unsplash