2 commentaire

  1. Article intéressant car j’aime beaucoup cet auteur. En effet, le stoïcisme a pu l’aider par rapport à sa maladie pénible qu’il subissait au quotidien. On peut dire qu’il « n’est pas stoïcien » à juste titre. Mais dans ce cas, Marc Aurèle non plus n’était pas stoïcien, ni Sénèque, ni Juste Lipse. « Montrez-moi un stoïcien ! » disait Epictète. Ou encore : « Ne te dis jamais philosophe ». Le stoïcisme est en effet censé être privé et non pas montré aux yeux du monde, par exemple sur les réseaux sociaux. Le stoïcisme n’a pas à être prosélyte. C’est censé être une sagesse privé, intime, destinée à nous rendre meilleur, plus heureux, et plus proche de la sagesse et du Dieu. Cela dit, c’est bien aussi que les personnes qui ont le point commun d’aimer le stoïcisme puissent se réunir entre elles et échanger, notamment avec l’association Stoa Gallica. Le stoïcisme peut être une « passion », un centre d’intérêt légitime, en plus d’être une recherche privée de la sagesse. La recherche sur le stoïcisme et sa philosophie peut même être un métier, celui de chercheur en philosophie, en quel cas il est forcément public. Bien que se dire « stoïcien » en public est un contresens d’après le stoïcisme lui-même. « Montrez-moi un stoïcien ! » « Ne te dis jamais philosophe » (Epictète).

    1. Merci Aurélien pour ce commentaire qui m’amène à quelques précisions.
      Vous remettez en cause le stoïcisme de Marc Aurèle, Sénèque et Juste Lipse. Il aurait été bon d’argumenter.
      Concernant Marc Aurèle, en effet, quelques auteurs mettent en doute son stoïcisme, mais ce n’est pas l’objet de mon propos. Les écrits qui nous sont parvenus ne sont pas des enseignements, mais des réflexions destinées à lui-même, visant – entre autres – à s’encourager à gouverner avec justesse. Il faut se souvenir que ses maîtres furent Fronton, et Junius Rusticus, probable élève d’Épictète. Libre à vous de penser que l’Empereur philosophe n’était pas stoïcien !
      Sénèque, pour sa part, fut un philosophe plutôt atypique, cultivant les paradoxes, en particulier son mode de vie luxueux qui ne semble pas être très en accord avec les principes stoïciens de détachement vis-à-vis des indifférents ! Néanmoins, sa correspondance avec Lucilius, ses consolations et autres traités ne laissent guère de doute sur ses orientations philosophiques.
      Le cas de Juste Lipse est à mon sens plus intéressant, et là nous tomberons d’accord (au fait, pourquoi ne pas avoir mentionné Guillaume du Vair ou Pierre Charon ?). Juste Lipse ne s’est jamais prétendu stoïcien et le terme néo-stoïcisme fut inventé bien plus tard pour désigner ces personnalités (sans doute par Jean Calvin). « Néo-stoïcisme » est un faux ami ! Ces auteurs n’on fait que mettre en perspective la morale chrétienne avec le stoïcisme. Non, Juste Lipse n’était pas stoïcien !
      Autre point que je voudrais préciser : le stoïcisme est-il une philosophie à « usage privé » exclusif ? Il se trouve que cet article sur Shaftesbury fait partie d’une série de portraits que j’ai dressée afin de montrer que si le stoïcisme apparait en première analyse comme une philosophie à usage privé, il peut également avoir une dimension publique (sans pour autant faire acte de prosélytisme). Je présente le cas de Lawrence C. Becker, philosophe américain de la deuxième moitié du XXe siècle, qui a déconstruit les objections à la possibilité d’être stoïcien aujourd’hui et fut à l’origine d’un stoïcisme contemporain. Et surtout Sam Sullivan qui fut maire de Vancouver et géra sa cité selon les principes du stoïcisme (article à paraître prochainement). Les phrases d’Épictète que vous citez à la fin de votre commentaire ne sont pas en contradiction avec le stoïcisme. Il faut juste les remettre dans le contexte où elles ont été prononcées.
      Encore merci Aurélien. Votre commentaire aura eu le mérite d’engager la discussion.

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