Comment le stoïcisme améliore vos relations

Tout au long de l’été, Yannick Berthoud, membre de Stoa Gallica, partage sur ce blog sa vision du stoïcisme à travers une série d’articles-témoignages. Cette série d’articles inaugure un nouveau format sur le blog de Stoa Gallica. Par le témoignage très personnel d’une personne qui pratique le stoïcisme, il s’agit de montrer les différentes manières, très concrètes, de se réapproprier le stoïcisme aujourd’hui, au quotidien. Bonne lecture, et bon été!

Maël Goarzin


Comment le stoïcisme améliore vos relations

Le tempérament

Avez-vous déjà remarqué à quel point certaines personnes sont constamment sur la défensive ?

Peut-être l’êtes-vous ? C’était mon cas pendant longtemps. Toujours prêt à défendre mes intérêts, même lorsqu’ils n’étaient pas mis en danger. Cela me rendait imprévisible et agressif.

Et puis, j’ai découvert le stoïcisme. Cette philosophie m’a permis d’adapter ma vision.

La vision

Il serait facile de citer Epictète sur ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. D’ailleurs, ce serait un début. C’est même par là que j’ai commencé.

Cependant, ce n’est pas suffisant pour établir des relations saines. Prendre de la distance sur les évènements, c’est bien. Pouvoir les améliorer de manière pérenne c’est mieux.

Je sais ce que certains pensent : « Ce n’est pas à moi de changer, je suis la victime dans cette histoire ! ».

Que vous le soyez réellement ou que vous y croyez, vous pouvez décider, grâce à la raison, de ne pas l’être.

Ne conçois point les choses telles que les juge celui qui t’offense ou comme il veut que tu les juges. Mais vois-les telles qu’elles sont en réalité.

Marc Aurèle, Pensées, IV, 11

Pour les améliorer il faut donc adapter son comportement et modifier sa vision des choses.

Agissez maintenant

Dans ses Pensées, Marc Aurèle fait souvent référence à la mort :

Il faut donc se hâter, non seulement parce qu’à tout moment nous nous rapprochons de la mort, mais encore parce que nous perdons, avant de mourir, la compréhension des questions et le pouvoir d’y prêter attention.

Marc Aurèle, Pensées, II, 1

En quoi savoir qu’un jour vous allez mourir va vous permettre d’améliorer vos relations ?

En cas de conflits, vous éviterez de rester sur des rancœurs. On ne se parle plus depuis des années, pour des sottises ou encore je ne sais plus pourquoi, mais on ne se parle plus n’est probablement pas la meilleure façon d’avancer. Enfin, plus vite un problème est souligné, plus rapidement il est résolu.

La majorité des regrets sur le lit de mort fait référence à l’absence de comportements vertueux dans sa vie.

Voilà plus de 2’000 ans que les stoïciens ont les solutions aux relations saines, dont celle d’agir maintenant, pour les autres, avant de ne plus pouvoir le faire. Aussi, si vous pouvez agir pour améliorer une relation, faites-le, en vous souvenant, comme le dit Marc Aurèle que « Nous sommes faits les uns pour les autres » (Pensées, XI, 18) tout en veillant à prendre garde de « ne jamais éprouver à l’égard des misanthropes ce qu’éprouvent les misanthropes à l’égard des autres hommes » (Pensées, VII, 65).

Agissez autant pour les autres que pour vous

Ce qui n’est pas utile à l’essaim n’est pas utile à l’abeille non plus.

Marc Aurèle, Pensées, VI, 54

Avec cette maxime, l’empereur démontre que ce qui n’est pas utile à la société n’est pas utile à l’individu. Le stoïcisme est tourné vers le bien commun.

Je cherche personnellement à prendre soin de moi avant de prendre soin des autres. Est-ce égoïste ? Non ! Ce qui va faire la différence entre l’égoïsme et l’altruisme, c’est l’intention. Ce que vous faites en vue d’aider les autres. Pour savoir si c’est altruiste ou égoïste, examinez votre conscience : avant de vous coucher le soir, revisualisez vos actions et paroles de la journée. Félicitez-vous de vos bonnes actions et avec bienveillance, observez celle pour lesquels vous auriez pu mieux agir. Puisque nous sommes fait les uns pour les autres, l’action devrait être profitable au plus grand nombre. Aussi, pour chaque action, posez-vous la question que l’empereur philosophe se posait lui-même :

Ai-je fait cet acte dans l’intérêt commun ? Alors j’en tire profit. Que cette pensée te soit toujours présente, ne l’abandonne en nulle occasion.

Marc Aurèle, VI, 4

De même, l’examen de conscience vous apportera l’humilité de corriger votre propre mal lorsque celui-ci se manifestera :

Si quelqu’un peut me convaincre et me prouver que je pense ou que j’agis mal, je serai heureux de me corriger. Car je cherche la vérité, qui n’a jamais porté dommage à personne. Mais il se nuit celui qui persiste en son erreur et son ignorance.

Marc Aurèle, Pensées, VI, 21

Servez-vous de votre raison, non de vos émotions

Je ne dis pas que vous devez devenir impassible. Cependant, il est possible et préférable d’agir en utilisant la raison plutôt que la passion. Voici un exemple selon Epictète :

Quelqu’un se baigne de bonne heure : ne dis pas que c’est mal ; dis que c’est de bonne heure. Quelqu’un boit beaucoup de vin : ne dis pas que c’est mal ; dis qu’il boit beaucoup de vin. Car, avant d’avoir reconnu comment il en juge, d’où peux-tu savoir si c’est mal ? Ainsi, il ne t’arrivera pas d’avoir des idées évidentes de certaines choses et d’acquiescer à d’autres.

Manuel d’Epictète, 45

Une personne vous a insulté. Ne dites pas que c’est mal, dites qu’il vous a insulté. Car si les mots sont durs, comment pouvez-vous savoir si la personne n’a pas un autre vocabulaire pour vous exprimer ses émotions ? Il vous a fait du mal ? Comment savez-vous que c’était réellement son intention ?

Supprime la présomption, tu auras supprimé : « on m’a fait tort ». Supprime : « On m’a fait tort », le tort est supprimé.

Marc Aurèle, Pensées, IV, 7

De plus, comme le dit l’empereur au livre V, chapitre 18 : « il n’arrive à personne rien qu’il ne soit naturellement à même de supporter« .

Aussi, lorsqu’un tort vous est fait au sein d’une relation, répondez à ce dernier, non pas par l’émotion, mais par les questions suivantes :

  • Est-ce vraiment un tort que j’ai vécu ?
  • La personne en a-t-elle conscience ?
  • Comment puis-je l’aider à ne plus me faire de tort ?

Les hommes étant faits les uns pour les autres, instruis-les ou supporte-les. 

Marc Aurèle, Pensées, VIII, 59

En méditant sur ces maximes, en répondant à ces questions, vous prenez le contrôle de votre vie, de vos émotions et agissez pour le bien commun, vos relations incluses.


Crédits: Photo de Hannah Busing sur Unsplash

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