Manifeste pour communautés stoïciennes

Cet article est une traduction en français d’un article de Donald Robertson, « A Manifesto for Modern Stoic Communities ». Cet article, traduit par Maël Goarzin, propose 20 règles à suivre pour se comporter en stoïcien sur internet et en particulier dans les communautés virtuelles regroupant les personnes intéressées par l’étude et la pratique d’un stoïcisme contemporain. Nous remercions Donald Robertson de nous avoir donné l’autorisation de publier la traduction de ce texte, qui fait largement écho à l’article de Massimo Pigliucci sur les règles de conduite à adopter pour vivre en stoïcien aujourd’hui.


Manifeste pour communautés stoïciennes

Par Donald Robertson

« Tel me méprisera ? C’est à lui de voir. Pour moi, je veillerai à ce qu’on ne me trouve jamais en train de faire ou de dire rien de méprisable. Il me haïra ? C’est à lui de voir. Pour moi, je serai bienveillant et animé de bons sentiments envers tous et, par cela, prêt à lui faire voir son erreur, non pas avec des reproches ni en me vantant de le supporter, mais avec générosité et bonté. »

Marc Aurèle, Pensées, livre XI, 13 (trad. E. Bréhier)

Vous trouverez ci-dessous quelques principes inspirés de la philosophie stoïcienne, et légèrement adaptés pour servir de recommandations concernant l’attitude et la manière d’agir des personnes qui souhaitent s’engager au sein d’une communauté virtuelle, en accord avec la sagesse et la vertu stoïcienne.

Ces recommandations ont pour but d’aider à contribuer au bon développement d’une communauté stoïcienne et d’aider également les stoïciens à gérer les difficultés rencontrées en ligne, notamment pour répondre de manière appropriée aux trolls et aux propos inflammatoires (flaming).

1. Je considère que la vertu est le seul vrai bien et le vice le seul vrai mal, tout en sachant qu’il est également naturel et rationnel de préférer obtenir  ou éviter certaines choses dans la vie.

2. Je regarde les personnes qui considèrent que la vertu est le seul vrai bien comme s’ils étaient mes frères et sœurs, et les personnes sages et vertueuses comme de véritables amis.

3. Je me tourne vers la Nature et vers les actions des personnes sages et vertueuses (qui vivent en accord avec la Nature) pour me guider dans la manière de conduire ma propre vie.

4. Je traite le reste de l’humanité, c’est-à-dire les personnes qui ne sont ni sages ni vertueuses, avec patience, et je leur souhaite d’apprendre et de s’épanouir, si rien ne l’empêche, même si ces personnes ne partagent pas mes convictions et mes valeurs les plus chères.

5. Je cherche à guider en donnant l’exemple, faisant preuve de vertu envers les autres au travers de mes paroles et actes.

6. J’essaie de  faire preuve d’empathie envers les autres en comprenant les convictions qui guident leurs actions, mais j’accepte le fait de ne jamais connaître avec certitude leurs mobiles, et par conséquent, de savoir s’ils sont vraiment vertueux ou vicieux.

7. J’accepte le fait que tous les êtres humains, y compris les fondateurs de la communauté stoïcienne et moi-même, ne sont pas parfaitement sage et vertueux, et que, de ce fait, personne n’est considéré comme l’autorité absolue.

8. Quand d’autres personnes agissent mal, je considère que cela est dû à leur ignorance de ce qui est vraiment bon, vraiment mal, et de ce qui est indifférent, plutôt qu’à une méchanceté volontaire.

9. Je pardonne les autres pour leurs actions insensées ou vicieuses entreprises par ignorance.

10. Je me souviens que personne ne peut vraiment me causer du tort, puisque seules mes actions volontaires peuvent être vertueuses ou vicieuses, et donc vraiment utile ou nuisible pour moi.

11. J’essaie de cultiver une certaine affinité avec le reste de l’humanité, et une affection naturelle envers les autres, sur la base de notre humanité commune, et de la capacité à agir avec raison et vertu que nous partageons.

12. J’accepte que les actions des autres personnes échappent, finalement, à mon contrôle direct, et qu’il ne dépend jamais entièrement de moi que ces personnes deviennent vertueuses ou vicieuses, et qu’elles s’épanouissent ou non.

13. Je préfère que les autres personnes s’épanouissent et deviennent sages et vertueuses, et je cherche à les aider à le devenir, si rien ne l’empêche, mais si elles font l’inverse, je l’accepte avec indifférence, comme quelque chose reposant au-delà de mon contrôle direct.

14. Je cherche à cultiver en moi et chez les autres les vertus de sagesse pratique, de justice, de courage et de tempérance.

15. Je cherche à vivre en harmonie et en accord avec le reste de l’humanité, à travers mon choix de vie philosophique, et j’encourage les autres à vivre également en harmonie, en étant pour eux un exemple de vertu.

16. Je considère les choses sur lesquelles la majorité des gens se querellent, dont ma santé physique, mes richesses matérielles, et ma réputation, avec une relative indifférence, comme n’ayant aucune valeur relativement à la vertu.

17. Bien que je préfère que les autres personnes soient aimables envers moi, je n’ai pas besoin ni n’exige qu’elles le soient.

18. Je suis prudent pour éviter, en tout temps, d’agir de manière insensée ou vicieuse envers les autres personnes, ou de ressentir de manière excessive du désir ou de l’aversion envers elles, ou envers toute chose extérieure à mon propre caractère.

19. Je considère les personnes sages et vertueuses comme mes plus proches amis, prenant le temps de contempler et d’admirer leur caractère et leurs actions, et cherchant à apprendre en m’inspirant de leur exemple.

20. Cependant, je recherche également les graines ou les traces de sagesse et de vertu chez les autres, même dans le caractère et les actions des personnes qui se comportent comme des ennemis. En d’autres termes, je cherche le bien en l’autre, et aspire à en apprendre quelque chose.


Crédits: Photo by NeONBRAND on Unsplash.

Maël Goarzin

Docteur en philosophie, auteur du carnet de recherche Comment vivre au quotidien: https://biospraktikos.hypotheses.org/

1 commentaire

  1. […] Le texte ci-dessous est la traduction française d’un texte de Massimo Pigliucci, The Stoic pledge, paru sur son blog, How to be a stoic. Dans cet article, traduit par Jérôme Robin, l’auteur nous donne un exemple de la manière dont on peut concrètement mettre en pratique le stoïcisme dans sa propre vie, à travers 13 règles de conduite à suivre au quotidien. Nous remercions Massimo Pigliucci de nous avoir donné l’autorisation de publier la traduction de ce texte, qui fait largement écho à l’article de Donald Robertson consacré aux règles à suivre pour se comporter en stoïcien sur les réseaux sociaux. […]

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