« Je n’ai fait que survoler Sénèque, jusqu’à… »

Mon intérêt philosophique pour le stoïcisme et les stoïciens est double. Pratique d’abord : j’ai découvert Épictète il y a une quinzaine d’années et c’est en suivant les conseils dispensés dans le Manuel que j’ai pu me réformer et surmonter une période difficile de ma vie1. Théorique ensuite : mes recherches universitaires ont rendu nécessaire une connaissance solide de I’histoire et de la philosophie du Portique2. Je pense avoir une appréhension correcte de ce sujet. Mais par « correcte », j’entends aussi « insuffisante », ou tout au moins grandement perfectible. Si vous me lisez, c’est que, a priori, les questions se rapportant au stoïcisme vous intéressent. Il est probable que certains d’entre vous ont une connaissance supérieure à la mienne et que d’autres sont des amateurs qui ne demandent qu’à être éclairés. C’est surtout à ces derniers que je m’adresse et je me permettrai, à la fin de cet article, de conseiller quelques lectures qui devraient leur être utiles.

Je connais plutôt bien le développement de l’école depuis Zénon, les divers contextes historiques, politiques, religieux, sociétaux… entourant l’évolution de la doctrine. Je suis sensible également à I’unité du stoïcisme, des origines jusqu’à sa dissolution et en dépit des divergences de certains scholarques qui ne s’éloignèrent jamais, toutefois, d’une certaine orthodoxie3. Enfin, j’ai une « tendresse » particulière pour le stoïcisme de l’époque impériale et maîtrise correctement mon Épictète4 et mon Marc Aurèle. C’est pourtant là que le bât blesse. Je n’ai fait que survoler l’œuvre de Sénèque, et encore, d’une manière non systématique. C’est en étudiant la correspondance de Descartes avec ta princesse Élisabeth que je me suis intéressé au Traité de la Vie Heureuse, en abordant la question des passions que j’ai lu La Colère, en me penchant sur certains exercices spirituels stoïciens que j’ai lu quelques Lettres à Lucilius… C’est aussi un roman passionnant, Paulina, de Patrick de Carolis, qui m’a fait entrer dans I’intimité du grand homme. Au total donc, rien de bien sérieux et, surtout, un sentiment de frustration et d’inachevé, sorte de faute professionnelle. Mais, disposant enfin d’un temps de loisir assez confortable, je me suis promis de combler ces lacunes inacceptables. ll y a quelques semaines, je me suis procuré toute l’œuvre philosophique de Sénèque5. J’en suis à lire les dernières Lettres à Lucilius et ma surprise est telle que je ne vais pas attendre d’avoir achevé ma lecture pour vous faire part de mon étonnement : Sénèque est vraiment un « drôle de stoïcien », et sa manière toute personnelle de pratiquer la philosophie a de quoi inspirer ceux qui, aujourd’hui, envisagent un usage contemporain du stoïcisme.

Le stoïcisme de Sénèque : loin du dogme

On a beaucoup glosé sur cet apparent paradoxe de Sénèque, I’un des hommes les plus riches de son temps, prônant la pauvreté et le non-attachement aux « faux biens » matériels. Je n’aborderai pas ici cette question abondamment débattue6 et qui s’avère être un faux problème. Ce qui m’intéresse le plus, c’est la liberté du philosophe qui, tout en restant fidèle à la doctrine, montre par sa manière de I‘interpréter qu’elle n’est pas dogmatique. En cela, Sénèque est un Moderne avant la lettre. Je me demande souvent jusqu’où l’on peut s’éloigner des Anciens tout en restant fidèle à la pensée du Portique. Un exemple simple illustre cette difficulté : l’idée d’une Nature mue par une fin (la téléologie) n’est plus tenable depuis longtemps ; est-ce trahir les Anciens que d’abandonner cette idée de téléologie omniprésente dans I’Antiquité ? ll y a toutefois un risque que je ne cesse de dénoncer : la confection d’une petite (pseudo) philosophie à la carte, consistant à prendre ce qui nous arrange et rejeter tout le reste (surtout ce qui demande des efforts). Sénèque est bien conscient de tout cela, au point qu’il se justifie et revendique sa liberté :

J’avancerai à t’abri de tout écueil, condition particulièrement indispensable à qui va par ses propres moyens et suit la voie qu’il s’est lui-même tracée. Serait-ce donc que je ne suis pas les Anciens ? Si fait, mais je me permets d’inventer un peu, de modifier, d’abandonner sur quelque point leur doctrine. Je peux tomber d’accord avec eux : je ne suis jamais leur esclave7.

À vrai dire, Sénèque n’est pas vraiment un inventeur et, loin d’innover en quoi que ce soit, a même Ie culot de dénigrer un pan essentiel du système stoïcien : la logique8. Et sa mauvaise foi à en dégoûter Lucilius est assez pathétique. Pire, lorsqu’il se pique de faire œuvre originale en unifiant les systèmes de classification platonicien, aristotélicien et stoïcien (classe, genre, espèce…), il se fourvoie dans des explications oiseuses, mélangeant des notions qui ne sont pas du même ordre et aboutissant à I’inverse du résultat qu’il escomptait9 !

Évidemment, il est un peu facile de critiquer toute cette bonne volonté à I’aune des connaissances d’aujourd’hui, et ma mauvaise foi n’a rien à envier à celle parfois affichée bien involontairement par Sénèque. Ce qui compte, c’est bien la totale liberté qu’il affiche (et revendique) à l’égard de la philosophie10 et de ses maîtres.

Épicure souvent cité par Sénèque : mais pourquoi ?

Cette liberté de ton apparaît dès les premières lettres d’une manière qui a de quoi surprendre. Estimant devoir dédommager Lucilius pour la patience qu’il lui témoigne, Sénèque, en bon directeur de conscience, rémunère chacune de ses lettres par un aphorisme qu’il commente ensuite succinctement. Jusque-là, direz-vous, rien que de très banal. Sauf qu’il convoque systématiquement le même auteur, Épicure, le frère ennemi du stoïcisme11 ! Les rigoristes et autres orthodoxes pourraient y trouver à s’offusquer. Pour ma part, je trouve pertinente, voire avant-gardiste, I’explication avancée par Sénèque : de telles sentences n’appartiennent pas en propre à Épicure, « elles sont propriété publique12 ». Avant-gardiste ? Sénèque anticipe ce que Nietzsche dira bien plus tard : « Les résultats de toutes les écoles et de toutes leurs expériences nous reviennent en légitime propriété. Nous ne ferons pas scrupule d’adopter une recette stoïcienne sous prétexte que nous avons auparavant tiré profit de recettes épicuriennes13 ». La philosophie est bien supérieure au dogmatisme de toutes les écoles. Pour être juste, je me dois de préciser que Sénèque ne cite pas toujours Épicure pour signifier son accord, mais parfois aussi (bien que rarement) pour justifier son désaccord. Mais dans I’ensemble, c’est I’universalisme du fondateur du Jardin qui est souligné, et Sénèque n’hésite pas à faire sien le tetrapharmakon épicurien14.

Je vois cependant une motivation suspecte à ce recours fréquent à l’épicurisme : à force de proclamer à tout va que la mort n’est pas à craindre15, Sénèque me fait I’effet de quelqu’un qui en a une frousse bleue ! Pourtant, rien n’est moins sûr. Plusieurs éléments sont à considérer pour comprendre cette omniprésence de la question de la mort dans les lettres. D’abord, Sénèque a largement dépassé la soixantaine quand il commence sa correspondance. Pour cette époque, il était un vieillard (mot qu’il emploie d’ailleurs volontiers et sans complaisance), il sentait ses forces décliner16, et le terme de sa vie approcher. Mais cette explication est très insuffisante. Néron, dont il avait été le précepteur et qu’il avait jusque-là réussi à maintenir tant bien que mal éloigné des excès, est désormais hors de tout contrôle, et Sénèque a parfaitement conscience que sa vie ne tient qu’à un fil fragile que l’empereur a le pouvoir de rompre à tout instant. La mort est ainsi devenue une menace permanente, et le seul remède à I’angoisse est la philosophie17. En « régime » stoïcien, la mort est un indifférent non-préférable (il est préférable de vivre que d’être mort). Ceci étant dit et quelle que soit la conviction intime du philosophe qui le pense, seul le sage ne sera absolument pas troublé par l’idée de la mort. Philosophe, Sénèque se sait non-sage. ll n’est pas contraire à la nature d’adjoindre à sa doctrine stoïcienne le secours réconfortant (et rationnel) de I’opinion d’Épicure sur le sujet18. La répétition, le retour obsessionnel au thème de la mort, laisse percer cependant une pointe d’angoisse. ll reste une solution : puisqu’il faut mourir, autant bien mourir , puisque ainsi en a décidé le Destin, plutôt que de lui résister, je vais le suivre de bon cœur19. Le thème du suicide est éminemment stoïcien20 : « L’affaire n’est pas de mourir plus tôt ou plus tard ; I’affaire est de bien ou mal mourir21 », or c’est à chacun de nous qu’il appartient de bien ou mat mourir. Pour la plupart, ce sera en faisant preuve de dignité au moment ultime ; pour certains, ce sera en choisissant le moment et les modalités du départ. Certaines lettres sont des exhortations au suicide : après s’être convaincu que la mort n’est rien, Sénèque anticipe les événements ; il choisit le suicide car il a conscience de I’imminence de sa propre mort22. Mais s’il exhorte également au suicide son ami Lucilius, n’est-ce pas par surcroît une manière de s’encourager lui-même à ne pas faiblir ? Du reste, ce choix intime le hisserait au rang des sages véritables, comme Socrate ou Caton.

124 lettres d’un stoïcisme propre à Sénèque

Si le stoïcisme se présente bien comme le fil conducteur de ces 124 lettres, il s’agit d’une interprétation très personnelle de la philosophie, liée de plus à des circonstances particulières, voire intimes. C’est précisément parce que le stoïcisme enseigne la libération de l’esclavage et la liberté que les arrangements de Sénèque n’ont rien à voir avec ce stoïcisme à la carte, ce bricolage, que je dénonce plus haut. ll est fidèle à ses principes et, surtout, fidèle à lui-même. L’imminence de la mort et la conscience qu’en a Sénèque donne à ces lettres une dimension tragique parfois pesante. Où donc est passé I’optimisme stoïcien raisonné qui rend ma vie si agréable, même au cœur des tempêtes ? Répondre à cette question me ferait déborder du cadre que je me suis imposé. Seul conseil valable : lisez ou relisez les Lettes â Lucilius, c’est dans le Iibre exercice de sa volonté que vous verrez apparaître non pas l’optimisme de Sénèque (qui serait pure folie), mais celui d’une pensée qui ne s’entrave pas elle-même et rend possible toute espèce de fantaisie.

Mais il n’y a pas dans cette lecture que des moments graves ou pesants. Une lettre en particulier (la 56) m’a bien fait rire, et j’avoue que je ne suis pas persuadé que I’auteur ait été conscient de la situation ridicule dans laquelle il s’est mis en scène. Je résume. La lettre commence ainsi : « Que je meure, si le silence est aussi nécessaire qu’il paraît au recueillement et à l’étude. » ll décrit ensuite le charivari qui I’environne, le vacarme des bains, du gymnase (le boucan des haltères de plomb, les geignements des athlètes…). Tout y passe, des querelles de voisinage aux cris des joueurs de balle, du plouf du plongeur dans la piscine aux hurlements des clients du masseur ou de l’épilateur (sic), aux appels du marchand de boisson, du vendeur de saucisses… Heureusement, son impassibilité à toute épreuve le rend imperméable à ces débauches de décibels. Tout juste s’il ne trouve pas plus gênants les rares moments d’accalmie. C’est de I’héroïsme urbain ! Cette absence de trouble intérieur au milieu d’un extérieur aussi troublé suscite une admiration sans borne. Et Sénèque s’épanche sur son propre courage à endurer tout ce vacarme, se complait en autocongratulations (pour ma part, je commence à trouver tout cela un peu longuet). Puis… ll finit par craquer ! Si, si, ce n’est pas une blague : « Mais quoi ! ‘’n’est-il pas dans certains cas plus commode de pouvoir échapper aussi au vacarme ?’’ J’en conviens. Et voilà pourquoi, moi, je déménagerai d’ici. C’est une épreuve, un exercice que je voulais faire23. Quelle nécessité de prolonger la torture, quand il est un remède si simple, inventé par Ulysse pour ses compagnons contre les sirènes elles-mêmes24 ? » ll y aurait donc aussi un être humain derrière le stoïcien ? Me voilà rassuré !

Les Lettres à Lucilius : témoignage historique d’une sagesse universelle

De Zénon au dernier des stoïciens25, soit en un demi-millénaire, il y eut une profusion d’écrits stoïciens, un nombre incalculable de traités et textes de toutes sortes26. La quasi-totalité de ces écrits a disparu et la plupart des fragments recueillis ça et là sont de seconde main. ll existe évidemment encore moins de traces de I’enseignement oral. On mesure alors I’intérêt de ces sources écrites presque simultanément par trois auteurs quasi-contemporains : I’aristocrate romain Sénèque, l’esclave affranchi Épictète (via son élève Arrien de Nicomédie) et I’empereur Marc Aurèle. Le Manuel et les Entretiens offrent I’intérêt de dévoiler à la fois le fond de la doctrine et la pédagogie du maître27. ll est ainsi possible de contextualiser les écrits des deux autres. Les Pensées de Marc Aurèle constituent un témoignage inestimable du dialogue intérieur et de l’exercice spirituel de l’écriture. Elles nous renseignent bien entendu sur les points essentiels de la doctrine, mais là n’est pas le plus important. Les Lettres à Lucilius montrent encore une autre facette de ce que peut être un mode de vie stoïcien. Elles débordent largement leur contexte historique, non seulement par l’exposé de notions universelles, mais encore par le couple très actuel liberté de ton/fidélité aux Anciens. C’est en ce sens qu’elles doivent nous inspirer, femmes et hommes du XXIe siècle. Je laisse à Sénèque le soin de conclure :

N’exige donc pas de maximes détachées, de pensées recueillies de-ci de-là : le stoïcisme présente comme un tout continu ce qui ailleurs n’est donné qu’en extraits. […] Ainsi donc, dépose I’espoir de goûter en I’effeuillant le génie des grands hommes : il faut que ton regard I’embrasse tout entier, que tu le retournes sous toutes ses faces. Tout s’effectue chez eux par continuité. Chaque trait de l’œuvre de génie est un des filaments qui composent la trame et qui la soutiennent ; rien ne s’en peut retrancher : autrement, tout croule. Je ne refuse pas qu’on examine le détail des membres, mais que ce soit dans le sujet entier. Une belle femme n’est pas celle dont on vante la jambe ou le bras : c’est celle dont un ensemble de formes retire au détail I’admiration28.


Quelques conseils de lecture pour les débutants

Découvrir la philosophie antique

D’un abord très facile et écrit par l’un des plus grands connaisseurs de la pensée antique, Qu’est-ce gue la philosophie antique ? de Pierre Hadot (Folio-essais, 1995) est la voie royale pour découvrir l’émergence de la philosophie occidentale dans son contexte, puis l’apparition et le devenir de toutes les écoles. Ce livre, qui se lit comme un roman, constituera les fondations de toutes les connaissances que vous apporteront les autres.

Découvrir le stoïcisme

– Jean Brun, Le stoïcisme, PUF, 2003 pour la 13e édition (coll. Que sais-je ?).

– Jean-Baptiste Gourinat, Le stoïcisme, PUF, 2014 pour la 4e édition (coll. Que sais-je ?).

– Thomas Bénatouil, Les stoïciens III – Musonius, Épictète, Marc Aurèle, Les Belles Lettres, 2009.

– Jean-Joël Duhot, Épictète et la sagesse stoïcienne, Albin Michel (Spiritualités vivantes), 2003.

– Pierre Hadot, La citadelle intérieure. lntroduction aux Pensées de Marc Aurèle, Fayard, 1997.

– Pierre Hadot, Exercices spirituels et philosophie antique, Albin Michel, 2002.

Lire des textes stoïciens

Les deux tomes du recueil Les stoïciens, des éditions Tel Gallimard, constituent une mine de textes incontoumable. Le premier contient le Livre Vll de Diogène Laërce consacré aux stoïciens, des textes de Cicéron et de Plutarque (dénonçant les « contradictions » des stoïciens). Le second propose quelques traités et lettres de Sénèque et, surtout, d’excellentes traductions du Manuel et des Entretiens d’Epictète ainsi que des Pensées de Marc Aurèle.

Pour mieux connaître Sénèque, je vous propose de vous procurer Sénèque, Entretiens, Lettres à Lucilius, dans la collection Bouquins de Robert Laffont (2003). Outre la qualité de ses traductions, ce livre (qui totalise près de 1300 pages !) présente des notes et commentaires de grande tenue et, surtout, une Préface de près de 200 pages écrite par l’historien Paul Veyne qui a dirigé cette édition.

Mon choix est très personnel et bien peu exhaustif. Mais s’il faut bien commencer, alors autant commencer bien…


1 Voir mon livre Épictète en prison, une rencontre improbable, Paris, éd. Édilivre-Aparis ,2017.

2 Voir Pierre Haese, Stoïcisme et bouddhisme, une réflexion comparative des origines â nos jours, Stuttgart, Éditions Universitaires Européennes,2016 (tome l) et 2017 (tome ll).

3 Tout n’est cependant pas aussi lisse : Ariston de Chios, par exemple, est parfois qualifié de « stoïcien hérétique ».

4 ll faut absolument s’intéresser au maître d’Épictète, Musonius Rufus. La lecture attentive des fragments qui nous sont parvenus est très émouvante : on y voit en germe la philosophie d’Épictète.

5 L’ensemble des écrits de Sénèque qui nous sont parvenus, à l’exception de son œuvre théâtrale.

6 Elle fera I’objet d’un autre article.

7 Lettre 80, 1.

8 Ou sémantique, dialectique, rhétorique, grammaire. La lettre 48 est de ce point de vue édifiante (Sénèque va jusqu’à qualifier celui qui s’y adonne d’« éplucheur de syllabes » et d’« amusette » ce genre de pratique !).

9 Voir la lettre 58 pourvoyeuse de céphalées incoercibles.

10 Par « philosophie », il faut évidemment entendre « stoïcisme ».

11 Épicure est ainsi convoqué systématiquement à la fin de chacune des trente premières lettres puis, d’un seul coup, ce qui semblait être devenu une règle cesse, sans une explication.

12 Lettre 21, 9. Ou encore : « Toute belle pensée, d’où qu’elle vienne, est mon bien » (Lettre 16, 7).

13 Friedrich Nietzsche, Fragments posthumes, automne 1881.

14 Le « quadruple remède », que l’on peut résumer ainsi : les dieux ne sont pas à craindre ; la mort n’est rien de redoutable ; le bonheur est facilement accessible ; la douleur est aisément supportable.

15 ll reprend à maintes reprises ta célèbre formule d’Épicure : « Le plus terrifiant des maux, la mort, n’a aucun rapport avec nous, puisque précisément, tant que nous sommes, la mort n’est pas là, et une fois que la mort est là, alors nous ne sommes plus. Ainsi, elle n’a de rapport ni avec les vivants, ni avec les morts, puisque pour les uns elle n’est pas, tandis que les autres ne sont plus » (Lettre à Ménécée, fragm. 125).

16 « […] à mon âge, on roule en bas de ta pente, on ne la descend pas » (Lettre 82,4).

17 À mettre en perspective avec la Pensée II,17 de Marc Aurèle : « Qu’est-ce donc qui peut nous guider ? Une seule et unique chose : la philosophie » (trad. Mario Meunier).

18 Sénèque, néanmoins, n’est pas dupe des artifices de la rhétorique. ll y revient longuement dans la lettre 82 : « Les grands mots sont oubliés quand le tortionnaire prononce : “Ton bras !”, quand la mort est prochaine ».

19 Voyez cette fois le tout dernier chapitre du Manuel d’Épictète (LIII).

20 ll ne faut pas croire cependant que les stoïciens recommandaient ou encourageaient le suicide. Ce serait une généralisation hâtive et malencontreuse. L’attitude de Sénèque face au suicide est à envisager avec une grande circonspection et ne saurait constituer une règle de conduite stoïcienne.

21 Lettre 70.

22 En réalité, c’est plutôt Néron qui a choisi le suicide de Sénèque. Mais il faut remettre l’événement dans son contexte.

23 Mon œil !

24 Se boucher les oreilles ou, dans le cas présent, déménager.

25 Je ne peux citer de nom. La seule certitude, c’est qu’après 260 on ne trouve plus trace de philosophes stoïciens.

26 Chrysippe à lui seul serait, selon Diogène Laërce, I’auteur de « plus de sept cent cinquante écrits ».

27 Avec toutefois la réserve que, sur les huit livres des Entretiens, seuls les quatre premiers nous sont parvenus.

28 Lettre 33, 3, 5.


Crédits: Buste de Sénèque, par Harvey Barrison from Massapequa, NY, USA, Licence CC BY-SA 2.0.

[cite]

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