Stoïcisme et Bushido, même combat ?

Épisode  1 : les désirs

Qui n’est jamais tombé, au hasard d’un livre, sur une pensée si indiscutablement stoïcienne qu’elle aurait pu être l’œuvre d’Épictète, de Marc-Aurèle ou encore de Sénèque ?

Il est fascinant de constater comment des hommes, vivant à des milliers de kilomètres de distance, se sont confrontés à des questions philosophiques identiques et y ont apporté des réponses parfois très proches.

Dans cette petite série estivale, je vous propose de comparer en quelques citations les points de vue d’auteurs stoïciens romains avec ceux de moines bouddhistes ou de samouraïs japonais sur des thèmes qui vous seront familiers.

Aujourd’hui, abordons le sujet des désirs.

Voilà ce que dit Épictète à propos du sage :

« Il a supprimé tout désir en lui, et ses aversions, il les a transportées sur les seules choses qui dépendent de nous. »

Épictète, Manuel, XLVIII, 3

Et voilà ce qu’en disait le Bouddha au VIème siècle avant J.-C. :

« J’ai découvert cette vérité profonde […] remplissant le cœur de paix […], l’extinction du désir, l’absence de passion, le nirvâna. »

Mahâvagga, cité dans Le Bouddhisme du Bouddha, Alexandra David-Néel

Le bouddhisme postule que les êtres humains sont pris au piège d’un cycle de souffrances qui se répète à l’infini (le samsara). Ils ignorent les causes de cette souffrance, et ne peuvent donc pas s’en libérer. Cette souffrance est en fait causée par leurs désirs: désir d’éprouver des sensations agréables (confort, richesses, santé, etc…) ou bien désirs d’éviter des sensations désagréables (maladie, pauvreté, déclassement…). Ces désirs engendrent des émotions qui nuisent aux individus qui les éprouvent sans pouvoir les contrôler.

Le Bouddha préconise donc de prendre conscience de ses désirs et de les limiter afin de parvenir à la sérénité, voire de les éteindre tout à fait et ainsi atteindre le nirvâna, c’est-à-dire l’absence de tout désir (et donc de toute souffrance).

Le nirvâna est donc bien loin de la caricature qu’en fait souvent l’Occident, à savoir une forme de paradis pour jouisseurs où tous nos désirs se verraient exaucer…

Comme pour Épicure, une éthique basée sur la sobriété et la maitrise de ses aspirations est passée à la moulinette du consumérisme !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

×