28 jours pour apprendre à mourir : retour d’expérience

À la rencontre de la mort grâce à Kathryn Koromilas

En regardant la retransmission de la Stoicon 2021 anglosaxonne, j’ai découvert Kathryn Koromilas, auteur, éducatrice et joyeuse Stoïcienne. Ce n’était pourtant pas chose aisée. En présentateur du jour, Gregory Sadler avait annoncé le prochain panel, qui allait traiter de mort, de joie…et d’écriture. Aïe. Des mots que je ne voyais pas bien ensemble. La raison ? Une peur immense de l’idée de la mort. Difficile d’en parler ou d’en écouter parler. Des crises de panique certains soirs avant de m’endormir. Mais la philosophie nous pousse parfois à nous dépasser. Je me résigne donc à regarder cette vidéo, avec beaucoup d’appréhension.

Ce fut une révélation. Cette dame, grand sourire aux lèvres, pleine de joie de vivre, nous conte une histoire, qui parle de la mort comme le rappel de l’urgence à vivre pleinement, dans le moment présent. Et ce n’est pas tout, Kathryn Koromilas annonce l’ouverture prochaine, pour la 3ème année, des « 28 days of Joyful death writing ». Ma première réaction ? 28 jours à méditer par écrit sur la mort, hors de question ! En anglais de surcroit. Malgré tout, quelque jours plus tard, je m’inscris à ce défi en ligne. Je suis terrifiée mais je déteste encore plus cette peur qui m’handicape. Puisque le courage est une vertu importante à développer, allons-y ! 

Memento mori : 28 jours d’écriture sur la mort

Tous les matins, durant 28 jours, je trouvais dans ma boite mail l’extrait du jour sur lequel méditer, avec des pistes de réflexion et parfois des questions auxquelles répondre. Mais le travail d’écriture se fait sur du papier. 

À l’heure du tout numérique, j’ai retrouvé le plaisir d’écrire avec un stylo sur un beau cahier. Comme l’exprime Kathryn Koromilas, l’écriture devient le point d’ancrage de notre attention à la place de la respiration dans les méditations plus courantes. 

Les étapes de la méditation (environ 30 minutes) : 

Se placer dans une position confortable, loin des distractions. Moment cocooning !
▪ Lire le texte.
▪ Recopier le texte mot pour mot en se concentrant au maximum sur les mots écrits.
▪ Résumer le texte.
Reformuler ! En choisissant les termes qui parlent le plus à notre esprit. Chacun utilise les termes qui lui conviennent. Il est très important de trouver sa propre formulation.
▪ Répondre au texte avec ses propres mots.
Enfin, optionnel, prendre en photo son travail et le partager sur le groupe en ligne ! 

Marc Aurèle, compagnon de ce défi sur la mort

Les Pensées de Marc Aurèle est l’oeuvre qui nous a accompagné tout au long du chemin. 

Livre 7.56 : « Il faut en homme déjà mort et ayant vécu jusqu’au moment présent, vivre le reste de ta vie conformément à la nature ».

Livre 8.2 : « À chaque action demande-toi : de quelle façon me convient-elle ? N’aurai-je pas à m’en repentir ? Encore un peu et je suis mort et tout a disparu. Que rechercher de plus, si l’action, que présentement j’accomplis, est celle d’un homme intelligent, sociable et soumis à la même loi que Dieu ? »

Voir la mort comme un électro-choc, il nous faut vivre sans perdre de temps, sans le gaspiller.

Sénèque écrivait aussi « vous vivez comme si vous deviez toujours vivre ; jamais il ne vous souvient de votre fragilité. » Il faut vivre pleinement le moment présent, concentrée, conformément à la Nature. Moi qui avais si peur de parler de la mort, je me surprends à attendre avec impatience et joie le mail du matin pour découvrir le texte du jour. Car avant tout, nous apprenons la valeur du temps, la fragilité de la vie. Apprendre à vivre c’est apprendre à mourir. Oui ! Alors dépêchons nous ! Hurry ! Du travail de reformulation, j’appris que le terme anglais « hurry » parle plus à mon esprit que l’expression française « dépêche-toi ». 

Pratiquer la philosophie en groupe : une force

Une des grandes forces de ces 28 jours est le partage entre les participants. Chacun a la possibilité de poster ses réflexions sur la plateforme dédiée et de répondre aux écrits des autres. Moi qui avais si peur de commencer ces méditations, je fus transportée par la bienveillance et l’esprit de partage de toutes ces personnes qui ne se connaissaient pas et qui avaient pourtant cette volonté commune d’étudier, de progresser, de comprendre…en d’autres termes de grandir.

La langue utilisée lors de ces 28 jours est l’anglais. Cependant, cela ne freine pas les séances de méditation qui peuvent se faire, comme moi, en français avec le numéro du livre et du chapitre à lire. L’anglais reste bien sur un plus afin de pouvoir partager avec les autres. 

Une peur de la mort encore présente mais mieux comprise

Bien sûr j’ai toujours peur de l’inconnu qu’est la mort. Mais à présent, je peux en parler. Je sais également qu’elle est la clef pour mieux vivre. Et depuis le jour 1 de ces 28 jours, je n’ai plus eu aucune angoisse avant de m’endormir. L’année prochaine, si la Fortune me le permet, je serai de nouveau au rendez-vous. 

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