Lumière sur… Elen Buzaré

Ma rencontre avec le stoïcisme

C’est plus précisément ma rencontre avec les Pensées de Marc-Aurèle alors que j’étais déjà entrée dans ma vingtième année. Je ne me rappelle pas précisément quand, mais je me souviens que je me promenais dans les rayons de la FNAC lorsque je suis tombée sur ce livre. Je ne savais pas qu’un Empereur de Rome avait pu écrire quelque chose et il faut bien avouer aussi que je n’avais strictement aucune idée de qui était vraiment Marc-Aurèle. J’ai trouvé cela intrigant et j’ai acheté le livre. La lecture a été – littéralement- une révélation. Les pensées de Marc-Aurèle sont très accessibles ; j’ai été fascinée par la profondeur des réflexions de cet empereur même si certains termes techniques restaient bien sûr obscurs. Un monde s’ouvrait à moi et ce fut le début de mon voyage.  Ce livre est encore aujourd’hui mon livre préféré. J’ai bien sûr lu Epictète, Sénèque et d’autres ouvrages spécialisés sur la philosophie stoïcienne, mais je reviens toujours à Marc-Aurèle.

Ce que le stoïcisme a changé pour moi

J’ai appris progressivement à accepter l’imprévu et que je n’avais pas le contrôle sur la survenue de beaucoup d’évènements, que ce soit dans ma vie personnelle ou dans le monde professionnel. J’utilise beaucoup la praemeditatio malorum et la clause de réserve. J’ai donc désormais beaucoup moins d’attentes vis-à-vis du monde qui m’entoure, y compris et peut-être surtout vis-à-vis des gens. Comme le dit Epictète, il ne faut pas se faire d’illusion, chacun est guidé dans son action par ce qu’il estime être un avantage pour lui, qu’il s’agisse de vos parents ou de votre N+1. Sauf que tout le monde n’a pas la même définition de ce qui est bien pour soi. Une conséquence de ce nouveau regard sur la vie a été la réduction de la colère. Il y a encore toutefois bien des axes d’amélioration : j’ai encore des mouvements d’énervement, je peux parfois traiter les autres avec rudesse et mal supporter les esprits lents ou l’incompétence. Le travail sur soi n’est pas facile. Cependant, plus il y aura de stoïciens, plus il sera possible de trouver des personnes fiables susceptibles de nous aider à prendre conscience de nos comportements pathogènes.

Mon activité autour du stoïcisme

Lorsque j’ai découvert la philosophie stoïcienne, c’était surtout le monde anglo-américain qui s’était le mieux organisé avec notamment la création du Stoic International Forum, un groupe yahoo qui était modéré par deux universitaires Keith Seddon (britannique) et Jan Garrett (américain). La situation était d’autant plus paradoxale que ce fut Pierre Hadot, un français, qui a été à l’origine de la renaissance de la philosophie antique comme manière de vivre. Cela explique pourquoi mes premiers “travaux” sur le stoïcisme ont été écrit en anglais.

A mon retour d’Ecosse au mois de juin 2000 – où j’avais passé une année universitaire grâce au programme Erasmus – j’ai suivi le cours par correspondance de la Stoic Foundation, conçu par Keith Seddon. Ce cours a fait par la suite l’objet d’une publication sous le titre Stoic serenity.

C’est également grâce à une collaboration avec Keith Seddon que j’ai pu écrire puis publier sur Lulu.com, en 2011, mon petit livre sur le stoïcisme intitulé Stoic spiritual exercices.

En 2012, une nouvelle équipe anglo-américaine s’est constituée autour de personnalités comme Donald Robertson, John Sellars, Massimo Pigliucci et du site Modern Stoïcism. A la demande de Jules Evans, j’ai animé un workshop pour une dizaine de personnes au cours du Stoicon 2015 ayant pour thème : Body, Soul and Spirit, and the Exercise of Death. Ce fut une très bonne expérience.

Co-fondatrice de l’association Stoa Gallica, je collabore désormais dans la mesure de mes moyens au développement de cette association, en publiant par exemple, lorsque mon activité professionnelle le permet, des billets pour alimenter notre tout nouveau site web Stoa Gallica. Je suis vraiment très contente de voir que la communauté stoïcienne francophone s’agrandit et de pouvoir contribuer à son développement en langue française.


Crédits: Marc Aurèle, par gregory lejeune, Domaine Public;

10 commentaire

  1. […] Leçons de la philosophie antique » de Xavier Pavie et « Stoic Spiritual Exercices » d’Elen Buzaré qui m’a permis d’avoir une vision plus précise de ce que recouvrait cette notion. Pour une […]

  2. […] Stoa Gallica. C’est en 2015, à la Bibliothèque municipale de Lyon, que j’ai rencontré Elen Buzaré pour la première fois, à l’occasion d’une conférence sur les présences et la pertinence du […]

  3. […] the art of Happiness, Londres, Teach yourself, 2013, p. 59-60. Traduction de l’anglais par Elen Buzaré. Nous remercions Donald Robertson de nous avoir donné l’autorisation de publier la […]

  4. […] article est une traduction de l’anglais par Elen Buzaré d’un extrait du blog de Donald Robertson « The Platonic Dictionnary : Cardinal Virtues ». […]

  5. […] texte ci-dessous est une traduction de l’anglais par Elen Buzaré de l’article du blog de Donald Robertson « What the Stoics Really Said ». Cet article donne […]

  6. […] de Donald Robertson intitulé “Virtue is its own reward“. Traduction de l’anglais par Elen Buzaré. Nous remercions Donald Robertson de nous avoir donné l’autorisation de publier la traduction de […]

  7. […] 6 juin dernier, Elen Buzaré et Jérôme Robin, membres fondateurs de l’Association Stoa Gallica, ont répondu aux […]

  8. […] blog de Donald Robertson, est le fruit d’un travail collectif réalisé par Pierre Boureau, Elen Buzaré et Maël Goarzin. Nous remercions l’auteur de nous avoir donné l’autorisation de publier la […]

  9. […] ce podcast, j’ai le plaisir de recevoir Elen Buzaré, co-fondatrice de l’association Stoa […]

  10. […] texte est une traduction en français, par Elen Buzaré, de l’article de William O. Stephens, « Epictetus on How the Stoic Sage Loves », Oxford […]

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