Mon activité en lien avec le stoïcisme
C’est en réussissant à créer un nouvel espace de liberté lors du premier confinement que j’ai commencé à développer mon activité autour du stoïcisme. Étant féru de cette philosophie et convaincu de ses bienfaits depuis de nombreuses années, mais très sollicité par un métier d’éditeur de presse qui ne me laissait que peu de temps libre, j’ai enfin pu profiter de ce moment suspendu pour me lancer.
Précisons-le d’emblée : ma volonté et mon objectif premier, ce que je percevais depuis longtemps comme étant une mission que je pouvais prendre en charge, touche à une forme de vulgarisation du stoïcisme. Je ne suis pas très séduit par ce terme, mais c’est bien de cela qu’il s’agit, évitons les fausses pudeurs (vulgarisation : « fait d’adapter des connaissances pour les rendre accessibles à un lecteur non spécialiste »). Voilà exactement ce que je souhaitais initier. Être un facilitateur en quelque sorte.
J’ai donc commencé à rédiger un guide pratique dédié, et sur le chemin, j’ai créé un compte instagram : initialement dans l’objectif de stocker tout le contenu que j’avais créé depuis des années et conservé dans un nombre invraisemblable de cahiers, carnets et documents word.
Et il se trouve qu’en publiant chaque jour sur instagram une petite capsule stoïcienne thématisée, j’ai vite pris conscience de l’intérêt réel d’une population de « non-initiés » à l’égard de cette philosophie.
Une petite communauté très engagée et réactive dont les retours me semblent encourageants pour la suite.
Ce compte s’appelle magie_stoïcienne. Pourquoi utiliser ce terme de magie pour illustrer une philosophie qui met surtout la raison au cœur de sa pensée ? Bonne question…C’est ici la seconde définition de la magie dont il s’agit : « impression forte inexplicable que produit un élément sur quelqu’un ». C’est exactement ce que le stoïcisme a déclenché en moi.
La raison d’être de mon compte ?
Tout d’abord, présenter les concepts et préceptes phares sous forme de posts et stories quotidiens enjoués tout en étant sérieux et documentés, et surtout inciter à passer à l’action. Prendre ma communauté par la main et l’aider à mettre en place ce minimum de discipline nécessaire pour se lancer dans la pratique quotidienne. Et évoluer vers cette fameuse ataraxie.
En veillant d’une part à ne pas verser dans ce que j’appelle « la grande marmite à citations » détachées de tout élément permettant de comprendre leur portée, et sans incitation réelle à la mise en action personnelle. D’autre part, à apporter une dimension simple, ludique et pratique à mon contenu. Et enfin, et surtout, à ne jamais trahir l’essence de la « pensée-source ».
Le compte est en quelque sorte articulé autour des 3 piliers du stoïcisme : la logique (je raisonne), la physique (j’apprends) et l’éthique (j’agis).
Comme un manuel à emporter toujours avec soi.
Cet été, j’ai également créé un cahier de vacances. 60 jours pour 60 exercices qui permettent aux débutants de se lancer et dans lequel vous pouvez retrouver : les préceptes-phare et leur décryptage, les clés pour surmonter les obstacles principaux et une partie dédiée à l’histoire du stoïcisme et les portraits de Zénon, Sénèque, Epictète et Marc Aurèle.
J’ai également plusieurs projets d’édition et de podcasts en préparation, toujours dans cet objectif de faire « descendre le stoïcisme dans la rue ». Un exercice d’équilibriste, je l’admets, mais toujours gratifiant.
Ma rencontre avec le stoïcisme
Elle s’est faite en deux temps.
Un premier temps que je qualifierais « d’inconscient ». A l’adolescence, je lis Marc Aurèle, puis Le manuel d’Epictète : j’en garde une impression positive mais je ne creuse pas plus. Sénèque m’est alors encore inconnu.
Puis un événement dans ma vie personnelle se présente : un problème de santé complexe, une sorte d’épée de Damoclès, qui me fait très vite prendre conscience de ma condition de mortel. Memento Mori. Je reste convaincu que l’ouverture du manuel d’Epictète a fait son œuvre à ce moment, sans que je m’en rende consciemment compte. Ce problème de santé ne dépendait pas de moi, et j’avais déjà un peu ces outils pour affronter la situation, même à l’âge de 15 ans.
Puis une deuxième phase beaucoup plus limpide il y a environ 5 ans :
J’ai la quarantaine, et en reparcourant le grenier familial, les Pensées de Marc Aurèle sont littéralement tombées à mes pieds : « Qu’est pour moi mon principe directeur ? Qu’en fais-je pour l’instant, et à quelle fin l’emploie-je ? Est-il plein d’intelligence ? ». Frisson, décharge le long de la colonne vertébrale, cette phrase a été le déclencheur et m’a ouvert la porte vers un nouveau monde. Car en réalité, je ne me sentais pas vraiment en plein accord avec mes valeurs à cette époque. J’aurais même été embêté d’avoir à les citer…
Ce fut alors la déferlante de lectures, notamment celles de Sénèque, les extraordinaires Lettres à Lucilius notamment, avec la volonté de comprendre et m’approprier tout ce qui touchait au stoïcisme.
Et surtout de découvrir la partie invisible de l’iceberg stoïcien, le contenu contemporain lié à cette philosophie, celui qui éclaire et donne les clés de compréhension : les brillantes préfaces, notamment celles de Paul Veyne, les textes commentés, les articles éclairés de Stoa Gallica (merci d’exister), les podcasts en français, en anglais (mot-clé : stoïcisme et on écoute absolument tout), les merveilleux écrits et interventions de Christelle Veillard, grande spécialiste du stoïcisme.
C’est elle la première qui me présentera le stoïcisme comme « un formidable souffle de vie ». Cette métaphore reflète à mon sens parfaitement ce qu’est le stoïcisme : une véritable invitation à la vie. Une mise en action de soi. Une philosophie à pratiquer au quotidien. C’est ce stoïcisme-là que je veux promouvoir, un stoïcisme lumineux, forcément dépouillé de certains de ses habits antiques, parfois trop austères, et surtout déconnectés d’une société qui a structurellement totalement changé. Il me semble très compliqué de faire adhérer des néophytes à cette philosophie sans faire cet effort d’adaptation.
L’impact du stoïcisme sur ma vie
Je dirais qu’il a un impact sur 3 sphères :
- Personnelle : la discipline que je mets en place et que je tente d’améliorer jour après jour (pas toujours simple je l’avoue, mais il faut être bienveillant avec soi-même et accepter que parfois, on est loin du compte…). Je me rends compte de la force de ce concept « d’ataraxie » et je mesure la sérénité grandissante qui m’habite depuis que je pratique cette philosophie. J’ai également acquis des outils mentaux pour faire face à la majorité des aléas de la vie. Outils que j’offre à mes proches selon leurs besoins. Comme le suggérait Pierre Hadot, c’est réellement un art de vivre.
- Professionnelle ensuite. Dans la sphère du coaching (une de mes nouvelles activités), je note la pertinence des nombreux exercices stoïciens : la vue d’en haut, la liberté de jugement, ce qui dépend de nous/ce qui ne dépend pas de nous, la préméditation des maux, la méditation, l’examen de conscience…mais aussi la puissance des métaphores et des symboliques : l’archer, le vase à 2 anses, la préparation de l’athlète, la lutte, la citadelle intérieure, la sphère ronde et lisse de Marc Aurèle, les cercles concentriques de Hieroclès…etc
- Et enfin un impact plus universel : un besoin de transmettre cette pensée deux fois millénaire, continuer à la faire exister, avec l’envie de participer à la construction d’une humanité plus harmonieuse. J’essaie humblement de mettre ma pierre à l’édifice. Et ma pierre vient peut-être du portique sous lequel Zénon dispensait ses premières leçons de stoïcisme, le fameux Stoa Poikilè !