Mise à part leur absence d’émotions supposée, le deuxième préjugé lié à l’indifférence des stoïciens est leur égoïsme ou leur absence d’attention à l’autre. Les philosophes stoïciens s’emploient en effet à bâtir une forteresse intérieure difficile si ce n’est impossible à prendre. Et de fait, le sage, philosophe accompli, possède une liberté inaliénable que rien ni personne ne peut toucher. Quel besoin, dès lors, de se tourner vers l’autre ? Souci de soi et souci de l’autre sont-ils compatibles ? Quel intérêt les stoïciens peuvent-il bien avoir à prendre soin des personnes qui les entourent ?

A travers la lecture des Pensées de Marc Aurèle, j’aimerais montrer que le souci de soi stoïcien et l’impassibilité du sage vis-à-vis de ce qui ne dépend pas de lui, ne contredisent pas l’attention à l’autre des stoïciens. Bien au contraire, la relation à l’autre est au cœur du mode de vie stoïcien et découle d’une bonne compréhension du souci de soi. Loin d’être synonyme de repli sur soi, le souci de soi implique en effet une véritable attention à l’autre qui traverse chacune des actions des stoïciens : amour, bienveillance, sociabilité et cosmopolitisme, action politique en vue de l’utilité commune, autant de vertus ou d’actions vertueuses qui sont mises en avant par l’empereur philosophe et qui contredisent le soi-disant égoïsme stoïcien.

Souci de soi et souci de l’autre

Le stoïcisme, comme la plupart des philosophies antiques, est d’abord et avant tout une philosophie du souci de soi. Vivre en philosophe, pour un stoïcien, c’est prendre soin de soi :

« Ne t’écarte plus du but : tu ne dois lire ni tes propres mémoires ni les actions des anciens Romains et des Grecs, ni les extraits d’ouvrages que tu réservais pour ta vieillesse ; tends vers ta fin, et, si tu as quelque souci de toi-même, aide-toi toi-même, tant que tu le pourras. » – Marc Aurèle, Pensées III, 14, trad. E. Bréhier.

La finalité de toute lecture et, finalement, de toute occupation, c’est prendre soin de soi-même, c’est-à-dire de sa propre personne, c’est-à-dire encore de sa faculté de choix (prohairesis en grec), suivant la délimitation du moi proposée par Epictète (Manuel, 1, 1) et reprise par Marc Aurèle. Et en effet, ce que le stoïcien doit apprendre à faire, c’est à ne point se disperser, mais à prendre conscience de lui-même, de ce qui dépend de lui, c’est-à-dire de ses propres actions, de ses propres jugements et désirs, dans le but d’exercer de manière droite ces trois facultés de l’âme en toutes circonstances et à tout moment. C’est pourquoi les passages sur la vigilance sont si nombreux dans les Pensées, de même que l’appel à se tourner vers soi-même en priorité :

« Que de loisir on gagne à ne pas observer ce que dit le voisin, ce qu’il fait ou ce qu’il pense, à voir seulement ses propres actions, pour qu’elles soient justes, pieuses et conformes au bien. Ne regarde point autour de toi ; cours droit sur ta ligne ; ne te disperse pas. » – Marc Aurèle, Pensées IV, 18

Si le souci de soi est au centre de la philosophie antique, le stoïcisme fait aussi une grande place au souci de l’autre. Souci de soi et souci de l’autre sont loin d’être incompatibles et sont, au contraire, étroitement liés. Et en effet, pour Marc Aurèle, prendre soin de l’autre, c’est en quelque sorte prendre soin de soi :

« Personne ne se fatigue de recevoir des services. Un service est une action conforme à la nature. Ne te fatigue donc pas de te servir toi-même, en rendant service. » – Marc Aurèle, Pensées VII, 74

Rendre service à l’autre, c’est se rendre service à soi-même parce que c’est agir de manière conforme à la nature raisonnable et sociable de l’être humain, c’est-à-dire de manière vertueuse. Il est en effet conforme à ma nature d’être sociable de rendre service. En prenant soin des personnes qui m’entourent, j’agis ainsi de manière conforme à la nature et réalise pleinement ma fonction d’être humain, mon métier d’homme. Dans cette perspective, le souci de l’autre est donc étroitement associé au souci de soi. Plus encore, il y a une coïncidence entre souci de soi et souci de l’autre, dès lors que, rendant service aux autres, je réalise une action conforme à la nature. C’est pourquoi Marc Aurèle, tout au long des Pensées pour moi-même, s’exhorte lui-même à prendre constamment soin de l’autre. Non pour s’oublier soi-même, mais au contraire, pour se réaliser soi-même en tant qu’être humain. Le souci de l’autre découle ainsi naturellement d’un souci de soi bien compris, c’est-à-dire d’une représentation adéquate de soi.

La nature raisonnable et sociable de l’être humain

« J’ai à rechercher ce qui m’est utile. Or, il est utile à chaque être de se conformer à sa constitution et à sa nature propre ; or ma nature propre est celle d’un être raisonnable et sociable. » – Marc Aurèle, Pensées, VI, 44

La doctrine de l’oikeiôsis (appropriation ou attachement à soi) nous enseigne que l’impulsion première de l’être humain est l’impulsion à se conserver soi-même. Cet instinct d’autoconservation, présent chez tous les animaux, prend, chez l’être humain, la forme d’un souci de soi non plus instinctif mais réfléchi, qui dépasse la simple conservation de soi et permet, par la pratique des vertus et l’exercice de sa faculté de choix, la pleine réalisation de soi. Le souci de soi est donc ancré dans la nature humaine. Et comme le rappelle Marc Aurèle dans la pensée ci-dessus, il en est de même du souci de l’autre.

À côté de l’impulsion fondamentale de l’être humain à se conserver lui-même, on trouve en effet une impulsion voisine, tout aussi fondamentale : l’impulsion à créer des liens avec les autres, l’impulsion à vivre en société. Le choix de vie stoïcien est donc naturellement à la fois tourné vers soi et tourné vers l’autre. L’insistance de Marc Aurèle sur la sociabilité de l’être humain est particulièrement révélatrice de cette double nature de l’homme : l’être humain est raisonnable et sociable, et de cette double nature découle un double souci de soi et de l’autre.

« Nous sommes nés pour collaborer, comme les pieds, les mains, les paupières, ou les deux rangées de dents, celle du haut et celle du bas. Il est contre-nature de s’opposer les uns aux autres : et c’est s’opposer à eux que de s’irriter ou se détourner d’eux. » – Marc Aurèle, Pensées, II, 1

En tant qu’êtres humains, nous sommes attachés non seulement à ceux qui nous entourent, notre famille et nos amis, mais aussi, de manière plus large, à tous les êtres humains, dès lors qu’ils partagent avec nous la raison. D’où le cosmopolitisme stoïcien, exprimé à de nombreuses reprises par Marc Aurèle dans les Pensées. La bienveillance, l’amitié et l’affection envers l’autre sont des attitudes conformes à la nature et font ainsi partie intégrante du mode de vie stoïcien.

La nature de l’attachement à l’autre : passion et amour véritable

Pour bien distinguer les différents types de relations à l’autre combattus ou recherchés par les stoïciens, il convient dans un premier temps de distinguer l’attachement d’une part, et la passion d’autre part. Nous savons que le stoïcien doit éviter les passions[1]. L’attachement à l’autre sera donc d’une autre nature. L’amour véritable, qui se distingue de l’amour passionnel, peut prendre plusieurs formes, selon la personne à laquelle les stoïciens s’attachent : l’amour d’un proche, l’amour conjugal, l’amour des enfants, la philanthropie, etc.

Ces différents types d’attachement regroupés sous le terme d’amitié ou d’amour véritable font partie pour les stoïciens des émotions positives (eupatheiai), pour autant que cet attachement ne devienne pas excessif[2]. Dans ce dernier cas, l’attachement se transforme en passion, dont le philosophe devra se défaire pour atteindre l’ataraxie et le bonheur défini, précisément, comme absence de troubles[3].

Pour ne pas se transformer en passion, l’attachement à l’autre doit donc rester raisonnable. Ainsi, le philosophe stoïcien doit « aimer quelqu’un comme on aime un être sujet à la mort », nous dit Epictète (Entretiens, III, 24, 60). La possibilité de perdre son enfant n’empêche pas le philosophe stoïcien d’aimer ses enfants, de même que la possibilité de perdre un objet de valeur n’empêche pas d’en prendre soin comme il convient (Arrien, Manuel, 11 ; Sénèque, Lettres à Lucilius, 102, 24). Le philosophe stoïcien aime ses enfants tout en sachant qu’ils peuvent mourir. Son attachement, en ce sens, est raisonnable, et lui permettra, à l’annonce de la mort d’un être proche, tout en laissant s’exprimer un chagrin tout naturel, de ne pas être troublé de manière excessive[4]. L’amour passionnel, par contraste, ne tient pas compte de la nature mortelle de l’être aimé et ne peut que susciter le trouble, que ce soit l’angoisse liée à l’idée de perdre cette personne, ou bien le désespoir lié à sa perte. La peur de l’avenir et la tristesse infinie du passé l’empêche alors de vivre le moment présent et d’aimer véritablement les personnes qui l’entourent.

Amour, bienveillance et attention à l’autre

L’amour pour l’autre est un thème récurrent chez Marc Aurèle, et ne se limite pas à l’amour de sa famille ou de ses proches. Il s’adresse à tous les autres, y compris les étrangers, y compris ceux qui me haïssent. L’amour doit être porté à tout le monde, tout comme la bienveillance, vertu sur laquelle Marc Aurèle insiste très souvent et qui fait le plus souvent partie des listes de vertus dressées par Marc Aurèle.

« Adapte-toi au lot qui t’a été assigné ; aime les hommes que le sort a désignés pour vivre avec toi ; mais aime-les d’un amour véritable. » – Marc Aurèle, Pensées, VI, 39

Ici, Marc Aurèle s’exhorte lui-même à accepter son rôle, sa place dans le monde, et, par extension, à accepter les personnes qui l’entourent et qu’il est amené à côtoyer jour après jour. Pour Marc Aurèle, non seulement faut-il accepter la présence à ses côtés de sa famille, de ses collègues de travail, de ses voisins, etc., mais il faut les aimer. Et non seulement faut-il les aimer, mais cet amour doit être un amour véritable et non une bienveillance feinte, un amour de façade. Alors qu’il n’est déjà pas toujours facile d’aimer ses proches, l’amour stoïcien prôné par Marc Aurèle s’étend au-delà du cercle familial, à tous ceux que l’on côtoie, c’est-à-dire à tous nos concitoyens, et, plus encore, à tous les êtres humains que les circonstances nous donnent l’opportunité de rencontrer.

Pourquoi une telle bienveillance ? Quelle est la raison de cet amour universel proposé par Marc Aurèle ? L’empereur philosophe donne au moins une partie de la réponse lorsqu’il affirme que le philosophe doit se souvenir « que tout être raisonnable lui est apparenté et qu’il est naturel à l’homme de protéger tous les hommes » (Pensées III, 4). Pour l’empereur stoïcien, c’est la raison commune à tous les êtres humains qui doit pousser le philosophe à aimer tous les hommes, y compris ceux qui le haïssent. L’attitude du philosophe face au méchant, face à l’insensé, ou face au pécheur (trois dénominations utilisées par Marc Aurèle dans les Pensées), est un bon exemple de la constante attention à l’autre des stoïciens. La nature de l’homme est d’être bienveillant envers tous les êtres rationnels, de les aimer et de leur rendre service, quel que soit leur comportement à son égard. Telle est et donc telle doit être la manière d’être naturelle et vertueuse du philosophe stoïcien en toutes circonstances :

 « Prends garde à ne pas avoir, à l’égard des misanthropes, les sentiments que les misanthropes ont à l’égard des hommes. » – Marc Aurèle, Pensées VII, 65

« Lorsqu’un autre te blâme ou te hait, lorsqu’ils criaillent contre toi, va donc à leurs âmes, pénètre-les, vois ce qu’ils sont. Tu verras bien qu’il ne faut pas te tourmenter pour leur donner de toi une autre opinion. Mais il faut être bienveillant pour eux ; car par nature ce sont des amis. » – Marc Aurèle, Pensées IX, 27

« Tel me méprisera ? C’est à lui de voir. Pour moi, je veillerai à ce qu’on ne me trouve jamais en train de faire ou de dire rien de méprisable. Il me haïra ? C’est à lui de voir. Pour moi, je serai bienveillant et animé de bons sentiments envers tous et, par cela, prêt à lui faire voir son erreur, non pas avec des reproches ni en me vantant de le supporter, mais avec générosité et bonté, comme le fameux Phocion, si du moins ses sentiments n’étaient pas simulés ; car il faut que de tels sentiments soient éprouvés intérieurement, que les dieux voient un homme que rien ne rend irritable ni gémissant. Quel mal pour toi en effet, si maintenant tu agis conformément à ta nature et si maintenant tu acceptes ce qui favorise la nature de l’univers, toi un homme mis en cette place pour que se produise de toute manière ce qui est dans l’intérêt commun ? » – Marc Aurèle, Pensées XI, 13

De l’action politique des stoïciens

La bienveillance de Marc Aurèle envers l’autre, que celui-ci soit proche au quotidien ou non, ne se limite pas aux relations interpersonnelles. Ce souci de l’autre est applicable également à un niveau plus large, à savoir le niveau politique. Pour Marc Aurèle, l’intérêt commun est central, et doit guider en tout temps l’action de l’être humain, que celui-ci soit engagé dans le monde politique ou non. En tant que dirigeant de l’Empire romain, Marc Aurèle doit prendre chaque jour un certain nombre de décisions. On comprend donc bien son insistance sur l’utilité commune et la fin sociale de toute action. Le critère ou la fin de son action qu’il prend ou du moins qu’il s’exhorte lui-même à prendre dans ses Pensées, c’est précisément l’intérêt commun. Toutefois, ce n’est pas seulement le dirigeant politique qui doit suivre l’intérêt commun dans ses actions, mais tout être humain :

« Ai-je fait cet acte dans l’intérêt commun ? Alors j’en tire profit. Que cette pensée te soit toujours présente, ne l’abandonne en nulle occasion. » – Marc Aurèle, Pensées XI, 4

« D’abord, ne rien faire au hasard, ni sans rapport à un but. Secondement, ne remonter à aucune autre fin qu’utile à la société. » – Marc Aurèle, Pensées XII, 20

« Jouis d’une seule chose, acquiesce à une seule chose : aller d’une action utile au public à une action utile au public, en te souvenant de Dieu. » – Marc Aurèle, Pensées VI, 7

« Respecte les dieux, sauve les hommes des dangers. La vie est courte ; et le seul fruit de notre vie sur terre, c’est une sainte disposition et une activité utile à la société. » – Marc Aurèle, Pensées VI, 30

« Lorsque tu as un réveil difficile, rappelle-toi qu’il est conforme à ta constitution et à la nature humaine de produire des actions socialement utiles, tandis que tu as le sommeil en commun avec les bêtes sans raison. » – Marc Aurèle, Pensées VIII, 12

« Ce que je fais par moi-même ou à l’aide d’un autre doit tendre à ce seul but, l’utilité commune et le caractère approprié de mes actions. » – Marc Aurèle, Pensées VII, 5, trad. E. Bréhier légèrement modifiée.

Puisque la sociabilité est le propre de l’homme[5], puisque l’homme est un être qui vit toujours en relation, que ce soit avec les hommes ou avec les dieux[6], cette sociabilité et cet être-en-relation de l’homme se concrétisent au quotidien par des actions utiles à la société. Pour Marc Aurèle, toute action est politique en tant qu’elle est utile à la société, c’est-à-dire que toute action doit avoir une fin sociale :

« Comme tu es toi-même une composante d’un ensemble social, que chacune de tes actions soit aussi une composante d’une vie sociale. Si une quelconque de tes actions n’a pas de rapport, direct ou éloigné, à une fin sociale, elle disperse ta vie, et ne lui laisse pas son unité ; c’est une révoltée, comme l’est, dans le peuple, l’homme qui s’écarte de l’accord entre tous pour avoir sa part propre. » – Marc Aurèle, Pensées IX, 23

Les pensées insistant sur la fin sociale de toute action sont nombreuses, et on remarque avec ces quelques extraits la centralité du souci de l’autre dans la philosophie de Marc Aurèle. On ne peut pas vivre en stoïcien sans se soucier de l’autre, que ce soit au niveau interpersonnel ou au niveau de la cité. Ou plutôt, pour rester encore plus proche de l’aspect universel du souci de l’autre de Marc Aurèle, on ne peut pas vivre en stoïcien sans se soucier de tous les autres et de toutes les cités[7] :

« J’ai à rechercher ce qui m’est utile. Or, il est utile à chaque être de se conformer à sa constitution et à sa nature propre ; or ma nature est celle d’un être raisonnable et sociable ; ma cité et ma patrie, comme Antonin, c’est Rome ; et en tant qu’homme, c’est le monde. Ce qui est utile à ces cités, voilà les seuls biens pour moi. » – Marc Aurèle, Pensées VI, 44

Dans le stoïcisme, l’impulsion naturelle de l’être humain à prendre soin de soi et à faire société n’est pas seulement un instinct vital égoïste mais un véritable attachement à soi et aux autres, qui s’étend au-delà des seules relations interpersonnelles pour s’étendre au niveau politique. Du cercle familial au cercle des amis, puis des concitoyens, l’amour pour l’autre, tout en étant ancré dans l’attachement à soi bien compris (oikeiôsis), s’étend, par cercles concentriques, depuis la famille jusqu’à la cité et l’humanité tout entière[8].


[1] pathos (πάθος) / affectus, us (en latin) : passion, émotion, affect ; impulsion déraisonnable qui excède l’harmonie de la raison, tant de l’homme que du monde, et est pour cela contre nature; mouvement de l’âme injustifiable, soudain, impétueux; impulsion découlant d’un faux jugement, lui-même basé sur une mauvaise compréhension de ce qui est vraiment bon. La passion est parfois directement assimilée à ce faux jugement. Définition reprise de la page Les concepts clés du stoïcisme.

[2] Sur les émotions positives, voir Maël Goarzin, « De l’apathie des stoïciens : absence d’émotions ou libération des passions ? »

[3] Sur l’attachement naturel aux autres et les différentes formes d’attachement dans le stoïcisme, voir Margaret R. Graver, Stoicism and emotion, 2007, plus particulièrement le chapitre 8, intitulé « City of Friends and Lovers ».

[4] Sur ce point, voir aussi Maël Goarzin, « De l’apathie des stoïciens : absence d’émotions ou libération des passions ? »

[5] Sur la sociabilité de l’homme, voir aussi Marc Aurèle, Pensées V, 30 ; VII, 55 ; VII, 67 ; VIII, 59 et XII, 30. En cela, il rejoint Aristote, pour qui l’homme est un animal politique, formule qu’il n’hésite pas à reprendre dans la pensée III, 7 par exemple – « un animal politique raisonnable » – mais aussi dans la pensée X, 2 : « L’être raisonnable est aussi immédiatement un être politique ».

[6] Marc Aurèle, Pensées VIII, 27 : « Trois relations : l’une avec la cause qui m’entoure, l’autre avec la cause divine d’où procèdent pour tous les événements, la troisième avec mes compagnons de vie. »

[7] Sur le cosmopolitisme des stoïciens, voir aussi Marc Aurèle, Pensées IV, 29 ; XII, 36 et VII, 13.

[8] Sur la participation politique du stoïcien, voir l’ouvrage de référence : Valéry Laurand, La politique stoïcienne, 2005. Sur le modèle de l’extension des cercles, voir plus particulièrement p. 32-40. Sur la République de Zénon, voir p. 60-77. Enfin, sur le cosmopolitisme stoïcien, voir p. 77-93.


Crédits: Photo by Dim Hou on Unsplash

Maël Goarzin

Docteur en philosophie, membre fondateur et secrétaire de Stoa Gallica, auteur du carnet de recherche Comment vivre au quotidien: https://biospraktikos.hypotheses.org/

1 commentaire

  1. Bel article. Merci.
    Les anglophones pourraient peut-être aussi consulter le lien suivant :
    https://www.youtube.com/watch?v=392UWEHibYQ
    Dans un même ordre d’idées, mais en adoptant un angle différent, Greg Lopez revient sur le Manuel d’Épictète (I, 5) : “Donc, dès qu’une image ou une représentation vient te troubler l’esprit, pense à te dire à son sujet: « Tu n’es que représentation, et non la réalité dont tu as l’apparence. » Puis, examine-la et soumets-la à l’épreuve des lois qui règlent ta vie : avant tout, vois si cette réalité dépend de nous ou n’en dépend pas ; et si elle ne dépend pas de nous, sois prêt à dire : « Cela ne me concerne pas. »”
    Dans son intervention, élaborée dans le cadre du Soicon 2020, Lopez dissipe le malentendu se rapportant à “Cela ne me concerne pas” en assimilant le pronom personnel à la prohairesis, et non au “moi” tel que les non philosophes pourraient l’entendre communément.
    Il ne s’agit bien sûr que d’une des nombreuses pistes envisageables pour résoudre les ambiguïtés de la discipline de l’action dans le stoïcisme.

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