Comment vivre au quotidien ?
Ce carnet de recherche ouvert en 2013, au début de mon doctorat, est consacré à la philosophie comme manière de vivre, de l’Antiquité à nos jours. Le point de vue adopté est celui de l’historien de la philosophie, à travers la lecture et l’interprétation des philosophes antiques (néoplatonisme, stoïcisme, philosophie comme mode de vie). Je mets également l’accent, depuis le début de ce carnet, sur l’(in)actualité de la philosophie antique, interrogeant la pertinence de celle-ci pour notre propre manière de vivre. Dès les premiers articles, l’objectif est double : partager les acquis de la recherche dans mon domaine avec le plus grand nombre, au-delà du seul public universitaire, et réfléchir à l’intérêt de lire les philosophes antiques au 21ème siècle. Au fil des années, la lecture des philosophes antiques et l’écriture de ce carnet sont devenues un exercice spirituel, me permettant de réfléchir sur mes propres pratiques et l’intérêt existentiel suscité par les textes étudiés au quotidien dans le cadre de mon travail de thèse.
Si ce carnet n’est pas uniquement consacré à l’étude du stoïcisme, les philosophes stoïciens et le mode de vie philosophique défendu par le Portique y ont une place privilégiée : Epictète, Sénèque et surtout Marc Aurèle sont très souvent cités et commentés, et les stoïciens sont régulièrement comparés à Platon et Aristote lorsque j’aborde des thématiques qui traversent les écoles philosophiques, comme la question du courage, du sport, de la mort, du souci de soi, ou de la cohérence entre discours et mode de vie philosophique.
Ma rencontre avec le stoïcisme et ce qu’il m’a apporté
J’ai découvert le stoïcisme en lisant le Manuel d’Epictète en classe de Terminale, à 18 ans donc. J’ai été frappé lors de cette première lecture par la rigueur de l’éthique stoïcienne, que je trouvais louable, mais difficile à tenir : une telle maîtrise de soi, un tel détachement face aux malheurs de la vie (la perte d’un ami, de son enfant) exige une force d’âme impressionnante, que je pris dès lors comme modèle et comme idéal à atteindre. J’ai également été frappé par le bon sens de cette distinction proposée par Epictète entre ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous, c’est-à-dire, finalement, entre ce qui importe peu (les biens extérieurs, les richesses, la gloire, le pouvoir) et ce qui importe vraiment (nos choix et surtout notre attitude face aux événements). Cette distinction est restée pour moi, au fil des ans, un bon critère de jugement et de choix entre ce qui importe vraiment et ce qui, finalement, compte peu.
Quelques années plus tard, étudiant désormais la philosophie à l’Université de Lausanne, et découvrant avec bonheur la pensée de Pierre Hadot et la définition de la philosophie comme manière de vivre, c’est cet appel à la cohérence entre le discours philosophique et la manière de vivre qui m’a attiré. Les formules frappantes du Manuel, et l’aspect concret des exemples de la vie quotidienne discutés dans les Entretiens d’Epictète ont confirmé cet intérêt que j’avais déjà pour la philosophie stoïcienne, en particulier son éthique.
Quelques années plus tard, au moment d’étudier l’influence stoïcienne sur l’éthique et la manière de vivre des philosophes néoplatoniciens, dans le cadre de mon doctorat, j’ai pu approfondir une fois encore et toujours plus la pensée et le mode de vie stoïcien. C’est dans ce cadre que j’ai découvert, avec une immense joie intellectuelle les Pensées pour moi-même de Marc Aurèle, texte le plus fécond parmi les textes stoïciens que je connaisse. Les exercices spirituels que Marc Aurèle met en œuvre dans ce texte sont d’une richesse extraordinaire et invitent toujours et encore à un travail de soi sur soi caractéristique du philosophe progressant.
Recherches passées, en cours et à venir sur le stoïcisme
En 2013, j’ai entamé avec Konstantin Büchler une réflexion sur la pertinence et l’actualité du stoïcisme aujourd’hui, avec ce double regard d’historien de la philosophie et du philosophe contemporain, saisi quotidiennement par la pressante nécessité de vivre. C’est dans ce cadre que nous avons réalisé un entretien avec Philippe Hoffmann sur la figure de Pierre Hadot, dont l’approche de la philosophie a été fortement inspirée par le stoïcisme. Nous avons également interrogé Jordi Pià sur les présences du stoïcisme au cours des siècles, de la fin de l’Antiquité à nos jours, afin de mieux comprendre ce qui, à travers les siècles, a pu intéresser les générations successives de philosophes. Un troisième entretien, avec Xavier Pavie, nous a permis de pointer la pertinence des exercices spirituels, stoïciens notamment, pour une vie philosophique contemporaine. Ces réflexions ont mis en évidence l’intérêt actuel de la philosophie stoïcienne, et les différents usages possibles de cette philosophie.
Aujourd’hui, l’intérêt suscité il y a 15 ans par ma première lecture du Manuel d’Epictète reste intact et la réflexion engagée, au cours de mes études, sur la pertinence du stoïcisme reste ouverte et se poursuit notamment au sein de l’Association Stoa Gallica. C’est en 2015, à la Bibliothèque municipale de Lyon, que j’ai rencontré Elen Buzaré pour la première fois, à l’occasion d’une conférence sur les présences et la pertinence du stoïcisme aujourd’hui. La rencontre avec Elen, puis avec Patrick Moisson, Pierre Haese, et Jérôme Robin, membres fondateurs de Stoa Gallica, ouvre de nouvelles perspectives, enthousiasmantes, à cette réflexion en cours et à venir. Je me réjouis que le choix de vie stoïcien soit pris au sérieux, étudié et mis en pratique par de plus en plus de personnes, y compris dans le monde francophone. Et je ne souhaite qu’une chose: que cette recherche commune sur la pertinence d’un stoïcisme contemporain soit l’occasion de progresser toujours plus dans le choix de vie philosophique, c’est-à-dire dans la vertu et la tranquillité d’âme prônées par cette école de pensée décidément bien vivante.
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[…] texte est une traduction en français, par Michel Rayot et Maël Goarzin, de l’article de Chuck Chakrapani, “Stoic Joy, an Oxymoron“, paru au mois de janvier 2022 […]
[…] texte est une traduction en français, par Michel Rayot et Maël Goarzin, de l’article de Kai Whiting, “Silicon Valley Stoicism“, paru au mois de novembre 2021 dans […]
[…] texte ci-dessous est une traduction en français, par Michel Rayot et Maël Goarzin, de l’article de Brittany Polat, “Seeing Things the Way They Are“, paru au mois de septembre […]
[…] texte ci-dessous est une traduction en français, par Michel Rayot et Maël Goarzin, de l’article de Brittany Polat, “What does it mean to flourish“, paru dans l’édition […]
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[…] texte est une traduction en français, par Michel Rayot et Maël Goarzin, de l’article de Tanner Campbell, “How does a Stoic get to Carnegie Hall“, paru au mois de […]
[…] Cures Anger. Ancient Philosophy as a Therapy for Violent Passions”. Traduction française de Maël Goarzin et Michel Rayot relue par Elen Buzaré. Nous remercions l’auteur de cet article de nous avoir […]
[…] texte est une traduction en français, par Michel Rayot et Maël Goarzin, de l’article de Christopher Gill, “You have an in-built capacity to make progress“, paru au […]
[…] texte est une traduction en français, par Michel Rayot et Maël Goarzin, de l’article de Chuck Chakrapani, “Joy through everyday experiences“, paru au mois […]
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[…] texte est une traduction en français, par Michel Rayot et Maël Goarzin, de l’article de John Kuna, “What is “Honourable” in Stoicism?“, paru au mois d’octobre […]
[…] Stoicon-x Paris) organisée le 25 novembre 2023 à l’Université Paris Dauphine, Maël Goarzin a proposé deux ateliers de lecture et d’écriture conçus comme des outils de transformation de […]
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