Le texte ci-dessous est une traduction en français, par Michel Rayot et Maël Goarzin, de l’article de Brittany Polat, “Seeing Things the Way They Are“, paru au mois de septembre 2021 dans le magazine The Stoic, dirigé par Chuck Chakrapani. Nous remercions l’éditeur de The Stoic de nous avoir donné l’autorisation de traduire ce texte et de le publier ici.
Brittany Polat est l’auteure de l’ouvrage Tranquility Parenting: A Guide to Staying Calm, Mindful, and Engaged. Docteure en linguistique appliquée, elle étudie actuellement la psychologie et la philosophie stoïcienne. Le dernier projet de Brittany Polat se nomme « Living in Agreement ».
Voir les choses telles qu’elles sont
par Brittany Polat
« En tant que stoïciens, l’une de nos principales tâches consiste à apprendre à percevoir le monde de façon claire et précise. »
Apprendre à percevoir clairement
En tant que stoïciens, une de nos tâches principales est d’apprendre à percevoir le monde de façon claire et précise, non seulement parce que nous avons un fervent souci de vérité, mais aussi parce que seule une perception claire permet la vie heureuse. Pourquoi ? Parce qu’en appréhendant le monde tel qu’il est (et non tel que nous voudrions qu’il soit), nous pouvons mener une vie bonne, malgré la douleur, la maladie, le deuil et autres « malheurs ». En étudiant la nature des choses, nous apprenons que les événements qui peuvent arriver à tout un chacun ne valent pas la peine de se laisser affliger. Ils font simplement partie de la vie.
Se poser les questions essentielles
Dans votre vie quotidienne, lorsque vous marquez une pause pour vous poser les questions essentielles (Pourquoi de mauvaises choses arrivent-elles à de bonnes personnes ? Que dois-je faire de ma vie ?), vous commencez à examiner la nature des choses. Afin de bien répondre à ces questions, vous devez avoir une certaine connaissance du monde, vous devez savoir comment l’homme vit dans le monde et connaître les relations entre les différentes entités du monde. Le stoïcisme est un guide qui nous permet d’approfondir ces questions dans notre propre vie.
La plupart d’entre nous ne discernent pas les choses clairement
Par exemple, la théorie stoïcienne de la représentation explique nos réponses psychologiques à l’information sensorielle et conclut que la plupart d’entre nous ne perçoivent absolument pas les choses clairement. Nous avons malheureusement tendance à mêler nos propres jugements subjectifs avec l’information provenant de l’expérience, ce qui conduit à une mauvaise interprétation des événements. Mais une fois que nous commençons à comprendre comment nous expérimentons le monde, nous pouvons nous défaire des fausses informations pour obtenir une image beaucoup plus claire de notre position relative à l’univers.
De même, lorsque nous examinons la relation entre nous-mêmes et le reste du monde – comme ce collègue agaçant que nous voulons éviter – nous gagnons une compréhension plus profonde de la nature sous-jacente des choses. Est-il possible, nous demandons-nous à la suite d’Épictète et de Marc Aurèle, qu’il n’y ait pas de collègues pénibles dans le monde ? Non, ce n’est pas possible. Les collègues agaçants sont dans la nature des choses. Et s’il y a des collègues pénibles dans le monde, pourquoi n’en aurions-nous pas ? Cela doit arriver à quelqu’un. Pourquoi ne serait-ce pas à vous ou à moi ?
Ne restons pas superficiels
Si nous ne nous contentons pas d’un regard superficiel et commençons à examiner la nature sous-jacente des choses, nous percevons à quel point il est injustifié de les laisser nous contrarier. Peut-être est-il impossible qu’il n’y ait aucun désagrément dans le monde, mais il nous est possible d’éviter qu’ils nous perturbent. De la même façon, il est impossible qu’il n’y ait pas de maladie, de douleur et de mort, mais il nous est possible de bien gérer ces épreuves. Plutôt que de nous désespérer ou de nous irriter, nous pouvons accepter qu’elles doivent arriver et nous employer à les maîtriser. C’est cela, pour les stoïciens, vivre en accord avec la nature.
Vivre en accord avec la nature
Vivre en accord avec la nature consiste à comprendre, au plus profond de nous-mêmes, que nous ne pouvons pas changer la nature des choses. Au lieu de cela, nous devons trouver un moyen de les affronter. Parfois, ceci implique de tenter d’améliorer les choses en usant de la raison, et certaines fois, d’apprendre simplement à les accepter. Mais dans un cas comme dans l’autre, comme nous le dit Epictète, nous devons appliquer notre compréhension de « la nature des choses » à nos propres circonstances :
« Par conséquent, dit Epictète, si tu as compris cela, tu n’auras pas d’autre préoccupation désormais, tu n’appliqueras ta pensée à rien d’autre qu’à apprendre le critère de ce qui est conforme à la nature, et à t’en servir pour faire la distinction dans chaque cas particulier. »
Epictète, Entretiens, I, 11, 15
Alors restez curieux, continuez à vous poser des questions, et quand la vie devient difficile, rappelez-vous que le monde n’est pas contre vous : toutes ces difficultés sont simplement dans la nature des choses.
Crédits: Photo by alpay tonga on Unsplash.
Merci pour toutes ces « applications » concrètes donnant actualité et force aux
« théories » .Où l’on voit que maîtrise de soi n’est pas refoulement ,puisqu’il n’y
a ni jugement ni honte ,mais réalisme et honnêteté :ma nature humaine est
comme la « pierre brute » ,à polir ,notamment au frottement avec les autres , ce
qui est plus vivable que de nous lapider …