Le texte ci-dessous est la traduction française d’un article de Massimo Pigliucci intitulé “24 common criticism of Stoicism – and some answers”. Traduction française de Maël Goarzin revue par Michel Rayot. Nous remercions l’auteur de cet article de nous avoir donné l’autorisation de publier la traduction de ce texte.
Ce texte prend place dans la série Défaire les préjugés, qui a pour objectif de répondre aux conceptions erronées du stoïcisme.
24 critiques fréquentes du stoïcisme – et quelques réponses
par Massimo Pigliucci
Le semestre dernier, j’ai donné un cours au City College de New York intitulé : « La Philosophie antique pratique ». Naturellement, nous avons beaucoup parlé du stoïcisme. L’une de mes étudiantes m’a dit qu’elle aimait beaucoup étudier les stoïciens, mais qu’elle comprendrait mieux cette philosophie si elle avait connaissance de certaines des critiques fréquentes qui lui sont adressées, ainsi que des réponses apportées par les stoïciens. Voici donc, de mon point de vue, les 24 objections les plus courantes adressées à la philosophie stoïcienne, regroupées par thématiques générales. Dites-moi si vous en connaissez d’autres, ceci me permettra de mettre à jour cette liste.
Catégorie : Émotions
1. Il s’agit de rester de marbre.
L’endurance est, en effet, une valeur stoïcienne. Mais elle ne définit pas cette philosophie.
2. Il s’agit de supprimer les émotions, un peu comme M. Spock dans Star Trek.
Les stoïciens distinguent trois catégories d’émotions : les pré-émotions (aussi appelées pré-passions), les émotions négatives et les émotions positives. Les pré-émotions (par exemple, le fait de rougir, le début de la colère) sont inévitables, même pour le sage. Les émotions négatives (la colère à proprement parler, la haine, la peur) interfèrent avec la raison et doivent être traitées. Il convient de ne jamais agir en fonction de ces émotions. Les émotions positives (amour, joie, sens de la justice), au contraire, doivent être cultivées avec soin.
3. Quand Épictète dit que nous ne devrions pas être troublés par la mort d’un être cher, cela montre que le stoïcisme s’adresse aux sociopathes.
Épictète se place du point de vue de quelqu’un qui croit en la Providence universelle. Pour lui, tout ce qui se passe dans le monde est en accord avec la raison universelle. Nous sommes des cellules de l’organisme universel (le cosmos), et ce qui nous arrive n’a pas d’importance par rapport à cet organisme (aussi appelé « dieu » par les stoïciens). De fait, notre rôle est de contribuer au fonctionnement global de l’univers. Cependant, la plupart des stoïciens contemporains rejettent cet aspect de la métaphysique stoïcienne, de sorte que pour nous, il est parfaitement compréhensible de pleurer la perte d’un être cher, à condition que nous soyons également disposés à accepter ce qui est naturel et inéluctable, à nous concentrer sur les bons souvenirs plutôt que sur la disparition de cette personne, et que nous soyons prêts à réintégrer la cosmopolis humaine dans la mesure où nous avons des devoirs envers d’autres êtres chers et envers la société dans son ensemble.
4. Le stoïcisme nous enseigne l’apathie.
Le mot « apatheia» fait référence à l’absence de troubles provoqués par des émotions négatives, et non à l’apathie. Nous sommes censés ne pas céder à des émotions négatives comme la colère, la haine et la peur. En revanche, nous sommes censés ressentir de la compassion et de l’amour. Comme le dit Épictète, le but n’est pas de nous changer en statues de marbre.
5. Le stoïcisme s’intéresse à la raison, mais qu’en est-il des émotions ?
Le stoïcisme, comme les sciences cognitives contemporaines, rejette le dualisme raison-émotion. L’esprit humain est un processus dynamique et complexe dans lequel la raison et les émotions sont inextricablement liées. C’est pourquoi les techniques stoïciennes – et la thérapie cognitive et comportementale contemporaine qui en est inspirée – fonctionnent si bien : nous impliquons constamment nos émotions sur le plan cognitif, remodelant notre spectre émotionnel pour l’éloigner des manifestations nocives comme la colère et le rapprocher des manifestations bénéfiques comme l’amour.
6. Les stoïciens n’accordent pas assez d’attention au plaisir, mais la psychologie actuelle nous dit qu’une composante hédonique est importante pour une vie humaine bien équilibrée.
Alors que les stoïciens mettent l’accent sur la recherche de la vertu (ou de la sagesse, ou du jugement éclairé), ils considèrent que le plaisir est « en accord avec la nature » et que la douleur est « contre la nature ». Par conséquent, rechercher le plaisir et éviter la douleur sont parfaitement en accord avec la manière de vivre des stoïciens, tant que nous ne cherchons pas à éviter la douleur au prix d’une action contraire à la vertu, et tant que nous maîtrisons notre plaisir plutôt que de le laisser nous contrôler.
7. Les stoïciens prônent l’atténuation de nos émotions, nous privant ainsi d’une des caractéristiques les plus importantes de l’humanité.
Cela dépend de ce que nous entendons par là. Si l’idée est que les gens peuvent passer des sommets de l’exaltation aux profondeurs du désespoir, alors oui, le stoïcisme vise activement à éviter de tels extrêmes. Mais c’est parce que ce genre de fluctuations émotionnelles font réellement obstacle à une vie sereine et heureuse. Une personne sujette à de fortes variations émotionnelles risque de beaucoup souffrir et de peu se réjouir. Cela dit, rappelez-vous que l’amour et la joie sont des émotions stoïciennes positives.
Catégorie : L’éthique et ce qui est bon ou mauvais
8. Cela n’a pas de sens de dire, comme le font les stoïciens, que la vertu est le seul bien. Il y a certainement d’autres choses dans la vie qui sont également bonnes.
La vertu, qui est la même chose que la sagesse (Socrate), qui est la même chose (surtout chez Épictète) que le jugement sûr, est le bien ultime parce que c’est elle qui détermine la façon dont nous faisons usage de toutes les autres choses. Les autres choses ont de la valeur ou pas, et on peut donc les préférer ou pas, mais leur valeur dépend de l’usage que nous en faisons, lequel dépend à son tour de notre faculté de jugement (prohairesis).
9. Les stoïciens soutiennent que personne ne peut faire le mal si ce n’est par ignorance. C’est une absurdité, bien souvent les mauvaises personnes savent exactement ce qu’elles font. Pensez à Hitler !
« Ignorance » ne signifie pas ici que les gens ne sont pas conscients, au moins en partie, de ce qu’ils font et de pourquoi ils le font. Une meilleure traduction serait « absence de sagesse ». Si quelqu’un fait quelque chose de mal, c’est parce qu’il pense faire ce qui est juste, soit en général, soit pour son pays, soit pour sa famille, soit pour lui-même. Il est probable que même Hitler ne se levait pas le matin en pensant « quel mal est-ce que je pourrais bien faire aujourd’hui ? ». Il n’était pas un personnage de dessin animé. Il pensait sincèrement que lui, sa famille et le peuple allemand avaient été lésés par le destin, par d’autres nations et par certains groupes ethniques. Bien entendu, il s’est lourdement trompé. Nous devons donc faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher les gens comme lui de faire du mal aux autres. Si possible, nous devrions également corriger ces personnes. Mais ne jamais les haïr. Comme l’a expliqué le Dalaï Lama, Hitler est un point noir regrettable dans l’histoire du monde. Il n’a pas choisi d’être la personne malfaisante qu’il était. Il mérite la compassion, et non la colère. Et il doit mourir par compassion : compassion pour lui et pour tous ceux qui pourraient souffrir de sa cruauté.
10. Comme le soutient Aristote, il n’est pas possible d’atteindre l’eudaimonia, c’est-à-dire l’épanouissement dans la vie, si l’on n’a pas accès au moins à certains biens extérieurs (par exemple, la santé, l’éducation, la richesse, la réputation).
Les stoïciens comprennent l’eudaimonia comme une vie qui vaut la peine d’être vécue. Il est certain qu’une vie épanouie vaut la peine d’être vécue. Mais me direz-vous : par exemple, la vie de Nelson Mandela, qui a passé 27 ans en prison pour lutter contre l’injustice, ne vaut‑elle pas la peine d’être vécue ? C’est pourquoi les stoïciens reconnaissent qu’une vie avec certains biens extérieurs est certainement plus agréable, mais rejettent l’idée qu’une vie dépourvue de tels biens extérieurs ne vaut pas la peine d’être vécue.
11. Le stoïcisme est une philosophie machiste.
Parmi les stoïciens les plus importants, tels que Zénon (le fondateur), Sénèque, Musonius Rufus et Épictète, plusieurs ont déclaré explicitement que les femmes étaient tout aussi aptes que les hommes à mener une vie philosophique et qu’elles devaient être éduquées au même titre qu’eux. Les stoïciens contemporains étendent ce sentiment à tous les genres.
12. Le stoïcisme est une philosophie quiétiste, qui fuit l’engagement politique.
Historiquement, les stoïciens ont été très impliqués politiquement. Caton le Jeune a levé une armée pour combattre Jules César, et la célèbre opposition stoïcienne était formée de personnes qui s’opposaient à la tyrannie des empereurs Néron, Vespasien et Domitien. Certaines de ces personnes ont été condamnées à l’exil ou à la mort en raison de leur engagement politique. Cela dit, les stoïciens sont convaincus qu’ils peuvent vivre dans n’importe quel système socio-politique, en particulier s’il n’est pas en leur pouvoir de le changer. Cependant, ils militent pour la justice et l’égalité. Après tout, la République idéale de Zénon est une société anarchique où il n’y a pas de lois et où chacun résout les problèmes par la raison plutôt que par la violence.
Catégorie : La pratique
13. Le stoïcisme est utile dans les moments difficiles, mais beaucoup moins quand tout va bien.
Au contraire, le stoïcisme est une philosophie pour tous les moments de la vie. Lorsque cela va mal, pour que nous puissions faire face à la situation. Lorsque tout va bien, pour que nous puissions nous réjouir de notre chance, mais aussi pour que nous soyons prêts à la laisser partir lorsqu’elle passera inévitablement. Du reste, même l’être humain le plus chanceux souffrira à un moment ou à un autre de sa vie, et tout le monde finira par mourir. Nous devons nous préparer.
14. Les techniques stoïciennes fonctionnent indépendamment de la philosophie stoïcienne, alors pourquoi ne pas simplement opter pour ses conseils de vie (life hacks) ?
C’est vrai, tout comme c’est le cas pour d’autres philosophies de vie. On peut pratiquer différents types de méditation, par exemple, sans pour autant être bouddhiste. Une personne est bouddhiste si elle comprend, accepte et pratique les principes fondamentaux de la philosophie, comme les quatre nobles vérités ou l’octuple sentier qui conduit à l’illumination. De même, être stoïcien signifie s’efforcer de s’améliorer du point de vue éthique, se considérer comme un citoyen du monde, être attaché aux quatre vertus cardinales, intérioriser la dichotomie du contrôle et agir en conséquence, etc. Et ce, indépendamment du fait que l’on s’engage également dans des exercices spécifiques, comme le regard d’en haut ou l’écriture d’un journal philosophique.
15. Vivre selon la nature signifie que tout ce qui est naturel est nécessairement bon. C’est un argument fallacieux, connu sous le nom d’appel à la nature (argumentum ad naturam).
Les stoïciens rejettent explicitement l’idée selon laquelle tout ce qui est naturel est nécessairement bon. La colère, par exemple, est une émotion humaine naturelle, et pourtant les stoïciens la jugent néfaste. Les stoïciens soutiennent que les deux caractéristiques qui définissent l’humanité en tant qu’espèce sont la capacité à raisonner et la sociabilité. Ils en déduisent que la meilleure vie possible pour l’homme est celle dans laquelle nous utilisons la raison pour résoudre les problèmes et coopérer avec nos semblables.
16. Le stoïcisme est devenu un pur produit de développement personnel.
Seulement lorsqu’il est déformé ou mal compris. Si vous voulez utiliser le stoïcisme pour gagner de l’argent ou devenir célèbre (« $toicism » en anglais), ou si vous pensez que c’est une philosophie pour garder les femmes à leur place (« Broicism » en anglais), ou pour fournir une excuse à l’agression militaire (« StoicisM » en anglais), alors vous détournez tout simplement les principes stoïciens. Cela se produit également pour d’autres philosophies de vie et religions. Pensez à l’oxymorique « Évangile de prospérité » du christianisme évangélique.
17. Les stoïciens sont censés s’aplatir devant les autres et accepter tout ce qu’ils subissent.
Accepter l’inévitable est effectivement un trait caractéristique des stoïciens. Mais la chose doit être vraiment inévitable, ou ne pas être suffisamment importante. Si nous pouvons éviter une blessure véritable – à nous-mêmes ou aux autres – nous devons le faire. Si nous sommes en mesure d’éduquer les autres, nous devons le faire. Mais se battre contre des moulins à vent est une chose qu’il vaut mieux laisser à Don Quichotte.
18. Le stoïcisme est une recherche solitaire.
Dans une certaine mesure, c’est exact. Le perfectionnement éthique de soi est un travail qui doit être fait par l’individu, il ne peut pas être imposé par les autres ni aux autres. Cependant, les stoïciens ont toujours été des personnes sociales et des acteurs publics. Contrairement aux Platoniciens, aux Aristotéliciens et aux Épicuriens, qui se retrouvaient dans leur Académie, leur Lycée et leur Jardin, les Stoïciens étaient présents sous leur Portique (Stoa), près du marché, parlant à tous, engageant constamment le dialogue avec leurs semblables.
Catégorie : individu vs société
19. Le stoïcisme est une philosophie égocentrique.
L’un des concepts stoïciens les plus fondamentaux est celui du cosmopolitisme, l’idée selon laquelle tous les êtres humains sont nos frères et sœurs. Une notion connexe est celle de philanthropie, l’amour de l’humanité. En effet, les stoïciens ne distinguent pas nettement entre le moi et les autres : lorsque nous nous améliorons, nous aidons la cosmopolis, et lorsque nous aidons les autres, nous nous améliorons nous-mêmes.
20. Le stoïcisme est une philosophie personnelle qui n’a rien à dire sur les enjeux de société.
Oui et non. En effet, le stoïcisme est une philosophie de perfectionnement éthique de soi, comme le bouddhisme ou le christianisme. Mais son cosmopolitisme et le fait que la justice soit l’une des quatre vertus cardinales impliquent que les stoïciens doivent se soucier des questions sociales. Cela dit, le stoïcisme ne se range pas directement derrière une position politique ou une philosophie sociale particulière. Il est compatible avec toute une série de positions de ce type, du moment que nous agissons de manière vertueuse et que nous gardons à l’esprit la notion de philanthropie.
Catégorie : la théorie
21. Pourquoi être adepte du stoïcisme et adhérer de manière stricte à une philosophie en particulier, plutôt que de faire preuve d’éclectisme et prendre le meilleur de plusieurs traditions ?
Le stoïcisme lui-même est apparu sous la forme d’une philosophie éclectique, puisque Zénon de Citium a étudié avec un certain nombre de professeurs appartenant à différentes écoles. Le problème de l’éclectisme, toutefois, est qu’il doit être mûrement réfléchi, sinon il risque de glisser vers un méli-mélo de rationalisations, où chacun choisit ce qui convient à son humeur du moment. Par ailleurs, le stoïcisme n’est pas une philosophie figée, mais une philosophie en constante évolution. Sénèque dit explicitement que nos prédécesseurs ne sont pas nos maîtres, mais seulement nos professeurs. Si et quand nous découvrons de nouvelles et meilleures façons de faire les choses, nous devons les adopter.
22. Nous ne contrôlons pas nos pensées, donc Épictète se trompe sur la dichotomie du contrôle.
Épictète était parfaitement conscient qu’une grande partie de notre vie psychique n’est pas sous notre contrôle. Cependant, s’il y a quelque chose qui vous définit, ce sont vos propres jugements délibérés et les opinions que vous avez explicitement approuvées. Et ceux-ci, en tant que produits de votre conscience, sont vraiment la seule chose que vous contrôlez entièrement.
23. Le stoïcisme suppose une forte notion du moi, mais le moi est une illusion.
Les stoïciens ne sont pas essentialistes à propos du moi. Ils ne pensent pas qu’il existe une essence qui est la nôtre, qui survit à notre mort (une « âme »). Le moi stoïcien est plutôt comparable à la conception bouddhiste du moi : un système dynamique qui comprend nos souvenirs en constante évolution, les traits de notre personnalité, les comportements que nous adoptons, et ainsi de suite. La petite partie de ce moi qui est consciemment sous notre contrôle, à savoir notre faculté de jugement, est – pour les stoïciens – ce que nous sommes vraiment, en fin de compte.
24. Le stoïcisme est incohérent, car les stoïciens nous disent que nous devons nous perfectionner nous-mêmes tout en étant déterministes au sujet du libre arbitre.
Il est vrai que les stoïciens sont déterministes, en ce sens qu’ils considèrent que tout arrive en suivant le principe de cause à effet. Mais nous faisons partie intégrante de la chaîne causale de l’univers. Nous ne sommes pas des pantins passifs dont les ficelles sont manipulées par les forces de la nature, nous sommes des acteurs, des éléments à part entière de la nature. Nous pouvons nous perfectionner car la raison est une faculté récursive : elle peut s’appliquer à elle-même dans la durée. Si cela peut vous aider, considérez-la comme un algorithme informatique capable de se réécrire partiellement à la suite de sa propre évaluation de fonctionnement en réponse à des données internes et externes.
Crédits: Photo by Hans Reniers on Unsplash
Bel article, belle traduction. Merci.
Trois détails m’interpellent toutefois :
En 6 : « … tant que nous maîtrisons notre plaisir plutôt que de le laisser nous contrôler. » Je peux me tromper, mais plaisir et douleur sont des réactions physiologiques, et appartiennent à ce titre au domaine des indifférents (on peut faire du plaisir et de la douleur des maux ou des biens ; ils peuvent devenir les lieux d’exercice d’une vertu ou d’un vice selon l’usage qu’on en fait). Il me semble que l’auteur – peut-être par souci pédagogique – fait l’amalgame entre plaisir et joie et qu’il donne du coup à sa réflexion une coloration épicurienne, peut-être même péripatéticienne. A priori, la fonction l’homme n’est pas de vivre selon le plaisir (ou la douleur), mais selon la nature, c’est-à-dire par l’exercice de la raison droite qui indique la vertu. La joie, le bonheur (et non le plaisir) adviennent de surcroît, dans la pratique.
En 12 : « La République idéale de Zénon est une société anarchique où il n’y a pas de lois et où chacun résout les problèmes par la raison plutôt que par la violence. » D’où l’auteur tient-il cette information ? Je n’ai encore rencontré personne qui, de nos jours, ait lu La République de Zénon – pas plus que celle de Diogène (sourire).
En 20 : « Le stoïcisme est une philosophie de perfectionnement éthique de soi, comme le bouddhisme ou le christianisme. » Sauf erreur de ma part, le christianisme n’est pas une philosophie mais une religion. Toutes deux réclament pour partie une disposition volontaire, mais la première relève vraisemblablement de la connaissance, et la seconde de la croyance.
Le lecteur intéressé lira peut-être avec profit le petit traité de Cicéron : Les Paradoxes des Stoïciens (Paradoxa Stoicorum ). L’ouvrage est par exemple disponible à un prix modique aux éditions Allia, sous le titre Sans la raison nous ne sommes que folie. L’Arpinate y aborde avec grande clarté certaines problématiques développées dans cet article.
Merci pour votre retour et vos remarques.
6 – Concernant le plaisir, je vous invite à lire l’article de Jérôme Robin, qui approfondit la question et montre que le plaisir et la peine ne sont effectivement ni un bien ni un mal, comme vous le rappelez à juste titre. Il s’agit d’un indifférent préférable (pour le plaisir) et non-préférable (pour la peine) qu’il est donc naturel de suivre ou de fuir si cela ne va pas à l’encontre du choix de vie philosophique: https://stoagallica.fr/a-propos-de-la-peine-et-du-plaisir/ C’est en ce sens, à mon avis, que l’auteur précise que le plaisir ne doit pas nous maîtriser, mais je conçois que la formulation puisse laisser penser à une conception épicurienne du plaisir. Sans doute la concision de la réponse ne permet pas d’être assez précis.
12 – Nous avons des fragments de la République de Zénon et de Diogène. J’avoue ne pas les avoir étudié personnellement, mais un récent ouvrage collectif revient sur ces deux textes à mettre en parallèle avec la République de Platon: https://www.vrin.fr/livre/9782711629923/les-trois-republiques
20 – je suis d’acord avec vous, la comparaison est un peu rapide et il manque une distinction.
Enfin, je vous rejoins sur le conseil de lecture de Cicéron, Les paradoxes stoïciens, qui est très bien écrit et reprend effectivement certains aspects développés dans cet article. Et j’ai l’intention d’en reparler très bientôt ici!
Merci pour ces précisions et cet échange de vues instructif, Maël.
L’article de Jérôme Robin est un modèle de pédagogie et de rigueur. Merci de me l’avoir recommandé (j’attends avec impatience son analyse sur Musonius et l’exil). Quant aux Trois Républiques, j’en avais déjà entendu parler grâce à Marie-Odile Goulet-Cazé. À vrai dire, mon léger trait d’humour en12 était un petit clin d’œil .
Je suis très curieux de vous lire sur les Paradoxes de Cicéron.