Une histoire singulière

Le fil conducteur de l’histoire des stoïciens se définit par sa singularité. Parmi les premiers maîtres d’Athènes figurent : un riche négociant, Zénon, le fondateur du Stoïcisme ; un boxeur professionnel miséreux, Cléanthe ; ainsi qu’un excellent coureur de longue distance, Chrysippe.

Leurs successeurs comptent dans leurs rangs : l’homme le plus puissant de son époque, l’empereur Marc Aurèle ; un esclave dont les jambes furent brisées par son maître, Épictète ; et un conseiller d’empereur, Sénèque, dont la malchance fut d’être au service d’un violent tyran.

Les maîtres originels du stoïcisme, appelés scholarques, sont au nombre de sept. Ce que nous connaissons du stoïcisme de nos jours, provient de quatre grands maîtres qui leur ont succédé. Difficile d’imaginer un groupe de personnages aussi hétérogènes et exceptionnels ; ce sont eux qui ont fondé et nourri le stoïcisme. Ils se sont penchés sur les problèmes de la vie tout en trouvant des solutions.

Cette philosophie est applicable par tout un chacun : les riches comme les pauvres, les maladifs comme les bien-portants, les plus humbles comme les plus puissants. Il n’est pas étonnant que cette philosophie ait été source d’inspiration pendant les deux derniers millénaires, pour continuer de rayonner de nos jours.

L’histoire d’un esclave, de son Maître, d’un empereur, et d’un conseiller des princes

Pratiquement tout ce que nous connaissons du stoïcisme de première source, prend son origine à Rome.

Contrairement au stoïcisme grec, son homologue romain ne dispose pas de chefs de file ou de scholarques. Toutefois, cette situation n’empêche pas de célèbres stoïciens d’écrire et d’enseigner pendant presque deux cents ans.

Quatre personnages majeurs émergent au cours de cette période : Sénèque, Musonius Rufus, Épictète et Marc Aurèle.

Sénèque, un stoïcien fortuné

Au service de Néron, Sénèque s’enrichit considérablement et vit dans l’opulence. Il devient prêteur et se constitue une fortune estimée à 300 millions de sesterces, ce qui ferait de lui un multimillionnaire, selon nos standards actuels.

Sa description des principes stoïciens dans les différents contextes figure parmi les écrits les plus raffinés du stoïcisme.

Ses textes continuent, aujourd’hui encore, à nous inciter à mener une vie plus enrichissante.

Il nous laisse un héritage d’une douzaine d’essais philosophiques, de 124 lettres traitant de morale ainsi que d’autres correspondances plus longues, appelées de nos jours : Lettres à Lucilius.

La mort de Sénèque est consécutive à un ordre de Néron, l’empereur romain, qui le condamne à se suicider ; il ne dispose donc pas d’autre choix.

Alternativement riche, exilé, nanti et célèbre, Sénèque meurt en stoïcien en exhortant ses amis de ne pas se lamenter sur sa mort.

Musonius Rufus, le troisième fondateur du stoïcisme

Le moins connu des quatre grands stoïciens de l’époque du stoïcisme tardif est principalement connu comme étant le professeur d’Épictète.

Ses contemporains le considèrent comme le Socrate romain et comme le troisième fondateur du stoïcisme.

Épictète, le plus célèbre esclave de la philosophie

Qui est donc Épictète ? Nous ne connaissons pas son nom mais seulement sa condition d’esclave. Nous savons qu’il boite, son maître lui aurait cassé les jambes, selon certaines sources.

Finalement, Épictète est affranchi, sans que nous en connaissions les conditions. Sa liberté retrouvée, il commence à enseigner la philosophie.

Épictète figure parmi les philosophes stoïciens les plus lus et les plus importants de tous les temps. Bien qu’il ne laisse aucun écrit, son disciple, Flavius Arrien, transcrit fidèlement son enseignement. Il le reporte sur huit livres appelés Entretiens ; seulement quatre d’entre eux nous sont parvenus. Arrien rédige également un condensé de l’enseignement d’Épictète dans un court memento appelé : « Enchiridion », le Manuel.

Ses écrits, transcrits par son élève Flavius Arrien, nous apportent la seule structure existante pour la compréhension de la philosophie stoïcienne.

Marc Aurèle, l’empereur inspiré par un esclave

Marc Aurèle est un personnage exceptionnel parmi les stoïciens les plus célèbres. Ni pauvre, ni exilé, ni assassiné, ni forcé au suicide ; bien au contraire c’est l’empereur de Rome.

Alors qu’il est en campagne, Marc Aurèle écrit un journal connu sous le nom de Pensées pour moi-même, ou quelquefois dénommé Pensées. Non destiné à la publication, ce journal contient les réflexions stoïciennes de l’empereur, écrites à l’occasion de circonstances difficiles. Heureusement pour nous, ce carnet est retrouvé et publié à titre posthume ; un des plus beaux textes écrit par un stoïcien pratiquant.

Il est paradoxal de constater que la plupart des ouvrages stoïciens destinés à être publiés aient disparu au fil du temps, alors que les Pensées pour moi-même, le journal très personnel de Marc Aurèle, non destiné à être lu par d’autres, soit devenu l’ouvrage stoïcien le plus lu de tous les temps.

Marc Aurèle est le dernier grand stoïcien. Après sa mort, il est probable que le stoïcisme ait été pratiqué, mais personne n’a mieux développé la doctrine de cette philosophie.

Le principe de base de la philosophie stoïcienne

Pour permettre de se familiariser avec le stoïcisme, voici comment il peut être présenté en quelques mots :

Il est possible d’être heureux, libre et serein, quels que soient les événements extérieurs, en comprenant cette réalité essentielle : certains éléments de notre vie sont sous notre contrôle et d’autres pas.

Nous devons agir en actionnant les leviers de ce que nous contrôlons.


Crédits photo: Sénèque, par PRA, Licence CC BY-SA; Epictète, Domaine public; Le Louvre-Lens, par OliBac, Licence CC BY.

1 commentaire

  1. Merci pour cette riche présentation

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